Mercredi 13 Février
Encore une
séance de tir sous mes fenêtres ce matin, toujours en vue des portes
ouvertes de jeudi et vendredi. Essais sonos (je me disais bien que
"C'est un beau roman, c'est une belle histoire" de Michel Fugain, ça ne
pouvait pas être la musique des chouffs), installation des tentes et du
parcours pour les maîtres-chiens,... Ca se prépare ! En passant pour
aller à l'école, je ramasse deux cartouches pour faire ma curieuse. Même
percutées, elles restent impressionnantes. "Si vis pacem, para belum", en
français dans le texte, "si tu veux la paix, prépare la guerre",
locution latine bien connue (c'était le passage culturel du jour, c'est
cadeau). Les ouvriers du chantier me demandent pourquoi toute cette
agitation, je leur explique le pourquoi du comment. Et de but en blanc
l'un des deux me dit que c'est la St Valentin demain. "Qu'est-ce que ton
mari va t'offrir ?" Moi : "rien". Lui : "mais ce n'est pas possible, il a
la chance de t'avoir et il t'offre rien ? (ça je savais déjà qu'il
avait de la chance-lol-). Mais pourquoi tu es avec lui alors ? ". Moi :
"c'est l'amour". Lui (dubitatif) : "Ah (long silence). Bon alors tu lui
diras de te couvrir de baisers". Message passé au principal intéressé,
affaire à suivre !
A 9h, Geneviève passe me chercher pour notre
matinée aux "Mouches". Nous sommes 4 avec Estelle et Rebecca. Nous nous
garons près du petit magasin de souvenirs éthiopiens de nos copines
Samaa et Aïcha, puis départ à pied à travers les "Caisses" pour
rejoindre les "Mouches". Je croyais avoir déjà eu mon lot de dépaysement
la semaine dernière en visitant les "Caisses", mais j'étais loin du
compte. Il y a les "Mouches", encore plus pittoresque ! Vous aurez bien
compris je pense pourquoi ce surnom (rapport à la densité de mouches par
habitant). Et encore, il y a relativement peu de stand d'alimentation.
Il s'agit donc d'un marché, qui s'étale dans de nombreuses ruelles.
Elles sont si étroites et les stands tellement proches les uns des
autres qu'une seule personne peut passer à la fois, la visite se fait
donc en file indienne. Du fait de la proximité des stands, et des tissus
tendus sur nos têtes pour protéger de la chaleur, il fait sombre, il
vaut mieux retirer les lunettes de soleil et regarder où on marche. Et
là, c'est un autre monde, à la fois miséreux, et plein de couleurs qui
vous saute à la figure. Les vendeurs sont assis sur leur stand au beau
milieu de leurs marchandises, ou par terre à même le sol. En majorité,
ce sont des étals de tissus, foulards, paréos, châles,.... Des femmes
sont installées dehors, et cousent sur une petite table avec une chaise
et une machine à coudre pour seuls outils de travail. Et les machines
que j'ai vu feraient le bonheur des antiquaires (dont une Singer
magnifique, toute noire avec des motifs dorés). Les filles achètent des
foulards et surtout du tissu pour faire faire des habits (et là je pense
à Irène, qui serait au paradis parmi tout ça). On nous interpelle de
tous les côtés, traquenard à chaque stand, on s'arrête, on regarde, on
touche, on négocie, ça ne marche pas, on repart, le vendeur revient nous
chercher pour accepter notre prix,... C'est un jeu à chaque fois. Et au
poker-menteur, les filles (qui sont là depuis un moment déjà),
deviennent des expertes ! Elles n'hésitent pas à dire qu'elles ont vu le
même article à un autre endroit du marché pour bien moins cher, et
souvent ça marche ! C'est comme ça ici. De temps en temps, on sort des
ruelles pour aller vers de vraies "boutiques" (souvent très petites)
admirer les bijoux. Nous avons trouvé une boutique avec tous les bijoux
"Bollywood". Sur le mur les photos de toutes les actrices de La Mecque du
cinéma indien avec des parures hallucinantes, souvent de mariage. Dans
les vitrines, des ensembles colliers et boucles d'oreilles, bracelets,
et mêmes des diadèmes ! C'est tellement brillant que j'en ai attrapé un
coup de soleil ! C'est clinquant et taille XXL, plus c'est grand et
brillant, mieux c'est ! Ce sont vraiment les parures des femmes
indiennes et de Dubaï (je vous assure qu'à côté de ça, une certaine
affaire d'un homme politique français arborant une montre de grande
valeur, c'est du pipi de chameau à côté). Il y a des cosmétiques (et le
vernis magnétique très à la mode, eh oui, ici aussi) et des parfums,
parfois de grandes marques (moi j'ai bien aimé le parfum pour homme
"Whisky", ça annonce d'emblée la couleur) et parfois des eaux tout juste
colorées. Et au milieu de ça, quelques stands avec de la vaisselle, des
casseroles,... C'est comme au souk (pour ceux qui connaissent), un vrai
labyrinthe, tu tournes à gauche, à droite, tu recules, tu avances, tu
fais demi-tour à cause d'une ruelle inondée, d'une biquette qui barre le
passage ou d'un mur de mouches attirées par de la viande qui sèche au
soleil (qui fait que je vais manger de moins en moins de viande, "la
vérité est ailleurs"). Bref tu es vite perdue si tu ne fais pas
attention, et comme tu es une citadine pure et dure, tu es perdue sans
ton GPS et la voix très énervante de la dame qui te dis "faites
demi-tour dès que possible" (mais je peux pas sinon je finis déguisé en
bonbon "Quality street" en tombant dans le stand des châles) ! Bref les
paniers se remplissent au fur et à mesure de la matinée. Nous croisons
Samaa qui nous accompagne un court instant et nous sert de
guide-interprète et de négociatrice de prix. Comme pour les jeux vidéos,
il y a 3 paliers à atteindre : premier palier, les prix pour les
Américains (les plus élevés), deuxième palier, les prix pour les
Européens et dernier palier, celui pour les locaux. Elle arrive à
négocier un peu à certains stands et nous obtenons des prix attractifs
pour le café éthiopien, le Chaï, les graines de cardamome. Elle a promis
de nous accompagner un jour prochain pour nous montrer les meilleurs
coins et faire que les prix qu'on nous demande ne soient pas estampillés
"pigeons AOC" ! Nous finissons par la grande place avec les vendeurs
d'habits, d'épices et de graines (garanties 100% protéines, cadeau de la
maison ! ). Rebecca et Estelle passent chez leur tailleur déposer les
tissus et commander leurs habits, et Geneviève et moi retournons dans le
magasin de Samaa et Aïcha qui nous offrent gentiment un rafraîchissement
(qui est bienvenu je ne vous le cache pas, il commençait à faire chaud
). Je n'ai pas pu faire de photos aux "Mouches", les gens n'aiment pas
trop se faire prendre en photo (la règle est de toujours demander avant
si on peut) car ils ont la sensation d'être comme des animaux de zoo, et
quand il arrive qu'ils acceptent, c'est souvent pour mieux vous
réclamer de l'argent après. Alors ça n'est pas que j'ai un oursin dans
le porte-monnaie, mais je préfère dépenser l'argent d'une autre manière !
Par contre, à ma prochaine visite au magasin de souvenirs éthiopiens,
je tâcherais de vous ramener quelques clichés, je pense qu'Aïcha et
Samaa ne seront pas contre ! Il est grand temps de rentrer, Gabriel ne
va pas tarder à sortir de l'école. Quelques "crétins de l'Oued Kalou"
sur la route, expression qui a bien fait rire les filles. Vous ne
connaissez pas les crétins de l'Oued Kalou ? Ce sont les cousins des
crétins des Alpes, et de ceux de la Dune du Pyla ! Expression bien
pratique que l'on peut transporter avec soi n'importe où, car elle
s'adapte au lieu dans lequel on se trouve ! C'est un article qui se vend
tout seul, pas besoin du télé achat ! Je ramène aussi un panier de café et de Chaï et toutes les odeurs de ce marché si particulier !
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