17 juillet 2014

Une page se tourne


 Mardi 8 Juillet


Jour J. Réveil prévu à 6h, j'ai encore les cheveux hirsutes quand les garçons sont déjà prêts et habillés ! Excités comme des puces à me demander toutes les 10 secondes quand est-ce qu'on part ! Ca va être une longue journée, je le sens! Ils sont déjà en train de creuser des tranchées dans l'appart à force de faire des allers-retours dans le couloir en attendant que ce soit l'heure. Une chance que les gens du dessous partent aussi, sans quoi ils nous auraient maudit de les réveiller à 6h à peine ! Les bagages sont bouclés, les garçons prêts, la douche prise, reste le premier défi de la journée, le test du jean. J'ai attendu la dernière minute pour le mettre, d'abord pour gagner du temps sur la transpiration, et ensuite par peur de ne plus rentrer dedans. Mauvais plan quand on y réfléchit, j'aurais dû faire un essayage avant, car si je n'arrive pas à le mettre, je n'ai pas d'autre pantalon en secours ! Mais ouf, je rentre sans soucis, c'est juste qu'il faut se tortiller un peu à cause de la peau moite ! Mais ça, j'ai l'habitude maintenant ! 18 mois d'expérience (ah ben voilà ma reconversion toute trouvée, contorsionniste dans un cirque ! Vous n'imaginez même pas la gymnastique de s'habiller ou se déshabiller sur une peau gorgée de transpiration, et pour peu que les vêtements soient un peu serrés ou d'une matière synthétique, c'est l'horreur ! Faut se tortiller et sautiller pour mettre bermudas et pantalons, presque casser son bras pour attraper le t-shirt resté coincé au niveau des omoplates,...) ! Nous voilà prêts, les bagages sont dans la voiture, direction le Top Gun. Les rotations ont pris du retard, ça nous laisse le temps de dire au revoir. Véro est venue, ça me fait super plaisir. Les garçons sont toujours aussi excités, ils n'en peuvent plus d'attendre le bus, et quand il est là, c'est des "allez maman, bouges !". Ca y est, nous y sommes, un page de presque 2 ans est en train de se tourner ! Un dernier coucou, et c'est parti ! Le bus nous amène à l'aéroport sans avoir à sortir à l'extérieur, nous traversons le tarmac avant de rejoindre l'entrée. Un gentil jeune soldat m'aide avec les bagages pour les mettre sur les tapis roulants. On fait les formalités, et direction la salle d'embarquement, non sans être passée au préalable par les toilettes de l'aéroport. Version à la turque pour moi, les autres sont tous occupés. Bon ben tant pis, le plus gênant est de s'y tenir la tête penchée par ce que c'est bas de plafond et que je ne suis pas petite !



Nous sommes parqués dans la salle, pas de place pour tout le monde. Nous sommes de partout, assis comme on peut jusque sur les marches, ou debout. Au moment de l'embarquement, les familles avec enfants sont prioritaires, cool ! Une navette nous attend en bas des escaliers, juste pour faire les 300 m qui nous séparent de l'avion. Le grand luxe ! Ca y est, il est là devant nous, ce grand avion siglé "république française" ! Ca le fait, on se fait l'effet d'entrer dans Air Force One (enfin... avec beaucoup d'imagination quand même) ! La VAM est complète, je crois plus de 240 passagers et quelques animaux, dont un perroquet (je m'attendais à l'entendre nous régaler de quelques phrases genre "Monsieur X.... est un imbécile" dont personne n'aurait su d'où ça sortait, mais il a été très sage, très bien élevé). Le vol s'est très bien passé, un dessin animé, le repas (et la télé au dessus de ma tête qui a bien bougé mais ne m'est pas tombée dessus) et un film, et près de 7 heures plus tard, la descente vers Paris. Et la douche froide à l'annonce des 18° de la capitale ! Quand tu as quitté un pays où il fait actuellement 50°, c'est comme passer du four au congélateur ! Mais bon, avec la clim de l'avion, on se serait cru à un défilé automne-hiver. Nous avions tous ressortis pour l'occasion nos pulls, sweats, gilets polaires et anoraks ! Nous arrivons Terminal 1, à part nous personne d'autre. Génial, nous pouvons utiliser les escalators sans être bousculés par les Parisiens pressés. Avec nos tenues hivernales et notre cool attitude version "ambiance à l'africaine", je pense que tout le monde a deviné d'où nous revenions ! Récupération des bagages, attente pendant un bon moment. Il faut prendre le shuttle pour rejoindre le terminal 2 et la gare. J'en ai déjà plein le dos des bagages, je prends un chariot et je suis Jean-Louis qui s'y rend aussi. Et heureusement, sans quoi je me serais trompée 2 fois ! Les chariots ne passent pas de partout, c'est un peu la galère avec les bagages, car j'en ai quand même pour quasi 45kg au total ! Mais ouf, on arrive à la gare, nous allons nous poser avant de partir, j'achète les billets de train et quelques sandwiches ("z'avez pas de chawarima Madame ?"). Retour à la civilisation, on retrouve les transports en commun, la foule, les payements par CB (et au cas où vous vous poseriez la question, oui, je connaissais encore le code). Y'a pas qu'à Djibouti qu'il faut payer sans cesse, je viens d'arriver, et déjà plus de 200€ de dépensés en quelques minutes !

Attente à la gare
Un dernier effort avec les bagages pour les descendre sur le quai, les monter dans le train et les ranger dans les porte-bagages (toujours pas d'homme galant à l'horizon) et c'est parti pour 2 heures de voyage ponctués de temps à autre (et comme l'année dernière) de "comme c'est vert", "oh des vaches", "oh des champs", "oh des arbres",.... ! Et de Geoffrey demandant combien de planètes nous avions traversées. C'est pas totalement faux, tant la différence est importante ! Il va falloir se réhabituer à pas mal de choses, et ça commence dès les toilettes où je reste le savon dans les paumes de main comme une idiote, à ne pas trouver où faire couler l'eau ! Je cherchais une pédale là où une simple cellule sous le robinet suffisait ! Bon, ça c'est fait ! Cellule qui capte le mouvement sous le robinet, donnée enregistrée ! Arrivée sans problème, les parents de Raf viennent nous chercher et nous rentrons en voiture sous la pluie et quelques volutes de brouillard. Une petite douche avant d'aller dormir, oh, on peut choisir et régler la température de l'eau, c'est magique ! Ca a été une longue journée, alors bonne nuit tout le monde !

Vu le temps.....

.....mieux vaut rester sous la couette !
Pas de grasse matinée le lendemain, je suis encore à l'heure djiboutienne. Je ne sens plus mon dos, ni mes épaules à force de porter nos  bagages et j'ai les mains qui me font mal comme en hiver quand elles sont gercées. Je suis contente de voir que tout est vert, et de respirer de l'air autre que chaud, mais nous ne sommes pas gâtés, pluie, brouillard au loin et seulement 12° à mon lever vers 7h30. Le calendrier indique le 9 juillet pourtant, mais c'est un temps de Toussaint que je vois par la fenêtre. Moi qui voulait revoir un peu de pluie et un ciel gris, et avoir des températures plus clémentes, je n'en demandais pas tant quand même ! Imaginez l'amplitude des températures, à peine 24 heures avant nous quittions les 50° de Djibouti pour les à peine 18° du Beaujolais ! Vous comprenez maintenant pourquoi on nomme ça "choc thermique" ! Ca n'a jamais aussi bien porté son nom ! Et encore, ça c'est à l'extérieur, mais même à l'intérieur, on en vient à crier de surprise au contact de la lunette froide des toilettes avec nos fesses ! Donc première mission du jour, refaire les bagages en mettant les tenues légères au fond du sac et les plus chaudes au-dessus. Car ça ne semble pas en voie d'amélioration avant un bon moment. Bon, ben on va garder les jeans et pulls du voyage sur nous alors ! Rester dubitative devant son placard à ne pas savoir comment s'habiller, c'est pas encore pour aujourd'hui !  Mais à côté de ça, on redécouvre les bons fromages français achetés à la ferme (eh oui, il existe d'autres sortes que Kiri, Vache qui rit et Edam) et on peut acheter et manger de bons yaourts sans trop se ruiner (car au prix où sont vendues certaines marques à Djibouti, c'est comme dans la pub, vaut mieux mettre le yaourt sur le visage comme une crème de grande marque plutôt que de le manger) ! Et surtout, on fait une cure de vitamines sous une autre forme que des sirops et des gélules, avec des  fruits et légumes du jardin qui ont du goût ! Seconde mission, aller faire le tri dans mes affaires, stockées chez belle-maman depuis 2 ans. Ah oui, quand même ?! Y'a tout ça ? Bon ben on va amener le plus urgent de suite, et surtout, essayer de dénicher quelques vêtements un peu plus chauds. Debout pendant au moins 5 minutes face à cette pile de cartons et autres sacs, à ne pas savoir par quel bout commencer. Ca promet pour le retour du garde-meuble et de la caisse maritime ! Au final, une fois qu'on a commencé, c'est un peu comme si c'était Noël, on découvre et redécouvre des tas de choses. Et après 1 bonne heure dehors à faire tout ça, une boisson chaude s'impose. Oubliés les sodas sortis du frigo, on passe en mode the-café-chocolat chaud. On redécouvre aussi que le linge peut mettre 3 jours à sécher quand il est suspendu dehors, que puisqu'on ne transpire plus on fait pipi toutes les 30 minutes à la place, et que la baignoire et le gel douche peuvent être froids !  Et on est obligé d'expliquer aux enfants ce que c'est que des couvertures, et qu'on dort en-dessous, et pas au-dessus ! Vous pensiez qu'une fois de retour il n'y aurait plus rien à écrire ? Eh non, vous voyez, le "choc culturel", ça marche aussi dans ce sens là ! La bonne nouvelle, c'est qu'on est dorloté par la famille et les amis au retour. C'est bon ça !

On profite du moindre rayon, mais brr, qu'elle est froide !

Mais rentrer, ça signifie aussi le début du marathon paperasse. Heureusement que beaucoup de choses peuvent se faire par internet, et qu'on n'est pas obligé de se déplacer systématiquement. Et on débute avec les changements d'adresse, pour éviter que les parents ne continuent de devoir faire le facteur pour nous. A de rare exception près ("votre mot de passe est erroné. Au bout de 3 essais incorrects, votre espace client sera bloqué."), ça fonctionne plutôt bien. Reste à savoir quel sera le temps de réactivité ! A suivre !

Sur la route du retour, une pensée pour Marie !

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