19 mars 2014

Encore quelques surprises pour cette dernière semaine de vacances


 Mercredi 5 Mars


Je ne résiste pas.... le Ghoubet et ses îles !
Pour occuper notre matinée et imprégner encore plus la belle-famille de la vie africaine, j'avais convenu avec Nima de les amener au marché de Riyad pour acheter fruits et légumes. 10h, nous voici prêts pour notre expédition. Au bout d'un temps d'attente qui n'a de loin plus rien à voir avec le 1/4h djiboutien habituellement de rigueur, nous devons nous rendre à l'évidence, la fatira, ça ne sera pas pour aujourd'hui ! Impossible d'avoir Nima au téléphone, ça sonne, ça sonne, "mais y'a jamais personne qui y répond", pour reprendre une phrase de la chanson préférée de Geoffrey en ce moment ! Hélas pour nous, Nima a totalement zappé le R.V., et si elle a bien pensé à venir (toc toc à 13h30) et à ramener les galettes pour le plat que nous avions prévu de faire, elle a occulté tout le reste ! Ce sera donc partie remise pour le lendemain.

Mais avant ça, petite visite d'une heure à l'escadron de chasse avec Raf. Nous découvrons son univers professionnel et quelques ateliers où on nous donne des explications sur ce que nous voyons. Intéressant d'être en mode coulisses. Puis notre petit tour sur le marché, une plongée au coeur du quartier africain. Je découvre que le marché est bien plus étendu que je ne pensais, au fond il y a les habits et chaussures, les tissus, la vaisselle,... Pour nous ce sera uniquement fruits et légumes. "Tu ne veux pas de viande ?" me demande Nima (avec ou sans supplément mouches ?) ! Euh.... comment lui dire sans la blesser ou faire ma bêcheuse que non, vraiment, ça ne va pas être possible ?! Nous avions croisé un petit camion frigorifique sur la route, et je lui ai gentiment expliqué qu'en France, même sur les marchés, la viande et le poisson devaient être dans des vitrines réfrigérées pour que les commerçants aient le droit de les vendre. Forcément, elle a fait des yeux ronds, c'est un autre monde pour elle ! Au fond du marché, Nima nous montre la "cantine" et va saluer une amie à elle qui s'occupe de faire les repas. Elles sont plusieurs femmes à s'en occuper, ça sent bon. Elles sont installées au fond, à même le sol, avec tout l'attirail de casseroles et de vaisselle dont elles ont besoin. La salle est remplie de bancs et de longues tables (taille lilliputienne), sur lesquelles les chats dégustent des os de côtes d'animaux qui devaient être des agneaux il y a encore peu. En sortant, Gabriel lance bien fort un "ouh la la maman, c'est sale là-dedans, faudrait vraiment faire le ménage !". Bon, ça c'est fait ! Gabriel, la discrétion et la diplomatie incarné ! Notre panier rempli, direction la maison, non sans avoir bien ri du chauffeur de bus arrêté à côté de nous à un feu, et qui mimait les belles moustaches de beau-papa ! Quel succès ! Carton plein pour Riry ! Nouveau cours de cuisine, Dominique regarde comment se prépare la fatira, que nous dégusterons ensuite. Et pour bien digérer, rien ne vaut la petite promenade de l'après-midi, qui permet à beau-papa de s'acheter sa baguette de pain. Fossé culturel ou barrière de la langue ? Toujours est-il que selon où il va l'acheter, l'employé présent ne veut pas le servir et lui envoie directement son chef ! Ils l'ont vu arriver de loin le beau-papa, avec son "mais je veux une baguette entière, pas avec les croûtons qui manquent", et quand il attend la monnaie en retour et que rien ne vient (il n'y a que des pièces de 5, 10, et 20 ici, pas de 1 et de 2. Donc certaines fois, le commerçant ne rend pas de monnaie).

L'intérieur d'une daboïta familiale côté lit
et côté cuisine
Vendredi et samedi, nous finissons le séjour des parents de Raf en beauté avec un nomado de 2 jours sur Dittilou. Plus entièrement une surprise puisque le guide avait, sans le vouloir, vendu la mèche la semaine précédente. Départ de chez Stéph, en 4x4 de l'agence comme la fois dernière. La route est longue, et à peine partis, premier arrêt dans un quartier de Balbala pour aller chercher du pain, dont le guide nous dit qu'il est le meilleur du coin et que ça vaut le détour (en se remémorant cette scène un peu plus tard, on se regardera tous avec des points d'interrogation dans les yeux, on ne voit pas de différence avec les autres) ! Second arrêt un peu plus tard, les hommes en bleu nous en voudraient-ils ?! Nous n'avons pas ralenti au panneau signalant un contrôle de police. Euh, c'est une rediffusion, non ?! On a déjà vécu ça la semaine dernière il me semble ?! Et hop, je demande 5000 pour la peine ! Bon, visiblement, on n'a pas à faire à un mauvais bougre,  il nous laisse vite repartir sans avoir rien touché ! La clémence du week-end ? Premier (vrai cette fois-ci) arrêt dans un village pour aller visiter la daboïta d'un couple tout juste marié. Elle est grande, et comme il est de coutume, séparée en 2 parties, les femmes d'un côté qui mettent le feu en chantant et frappant des mains, et de l'autre côté, les hommes, le jeune marié, les hommes de sa famille et ses amis. Là, pas d'ambiance, c'est hyper calme ! Quel contraste ! Les enfants du village se massent autour de nous, ils sont intrigués par le chien de Nadine. D'autres se ruent autour de notre 4x4 pour aller voir Gaby qui leur ferme carrément la fenêtre au nez ! Pas cool ! Toute cette foule lui aurait-elle fait peur ? Arrêt pour la pause déjeuner au Ghoubet dans le même restaurant que vendredi dernier. Longue pause pour permettre la baignade à ceux qui le désirent. Pour les autres, ce sera promenade sur la plage et recherches de coquillages. Le menu ne diffère guère de la fois précédente, mais c'est bon. Vous me direz, le dessert non plus n'est pas différent, mais qui peut résister au moelleux-fondant-coulant au chocolat de Nadine ?
Jeux avec les enfants du village
On remonte en voiture pour quelques kilomètres, puis second arrêt dans le village que nous avions visité lors de notre premier week-end à Dittilou. Et depuis notre passage, grande nouvelle, l'électricité est arrivée. Cela ne faisait que 15 jours que le village en était équipé, ce qui fait la fierté du chef. Visite de l'école et du petit stand d'artisanat qui regorge de jolis objets vendus par les femmes. On nous offre à nouveau le chaï et nous faisons un petit don pour l'association qui s'occupe des villages de la région. L'argent est confié aux femmes uniquement, nous explique le chef, car entre les mains des hommes, il finirait en achat de khat ! Ce sont donc ces dames qui tiennent les cordons de la bourse (Je vous resitue : il s'agit d'un village d'Afrique au fond de la campagne. A méditer !). Il y a de petites brebis partout, les naissances ont été nombreuses. Le chef nous montre également les enclos réalisés pour elles, sorte de puits de pierres où il n'y a qu'une ouverture, pour les protéger des prédateurs, mangoustes, dromadaires et singes particulièrement. Le village est très bien structuré, entretenu et propre. Tout y est agréable, accueil y compris. Tout comme dans l'autre village, les enfants nous tournent tous autour, jouent avec le chien ou avec nous. Ca les fait beaucoup rire de répéter comme des perroquets ce que nous leur disons, "tu vas bien ?", "comment tu t'appelles ?",.... Riry s'amuse de voir leurs yeux intrigués quand il touche ses moustaches et fait semblant d'en sortir quelque chose pour leur lancer dessus comme il jetterait un sort ! En voiture, dernière partie de notre trajet vers Dittilou, la plus éprouvante ! Même en sachant ce qui nous attend, c'est toujours aussi stressant (pour moi du moins). D'autant plus que nous calons plusieurs fois, c'est pas gagné ! Et le fait qu'à chaque fois que nous entamons ces 13 derniers kilomètres, les chauffeurs mettent de la musique et chantent, ne fait que renforcer mon idée que même eux ne sont pas rassurés et se donnent du courage ! On en vient même à scander des "allez Ali" dans les montées ! On s'attend à tout moment à voir Nadine descendre de la voiture qui nous précède et faire une partie du chemin à pied car elle a peur, et on ne peut pas lui en vouloir. Mais elle tient bon jusqu'au bout, même si une fois arrivée, on la retrouve pâle et complètement vidée !


Ceux que ne sont encore jamais venus sont enchantés par toute cette verdure et le calme qui règne. Il faut dire que depuis notre dernier passage il y a 2 mois, le paysage a changé, il y a beaucoup plus de vert. Même sur les chemins caillouteux on trouve des touffes d'herbe de temps à autre. Et je découvre que les acacias sont couverts de petites fleurs blanches (et qu'ils savent faire autre chose que nous piquer bras et pieds, et crever les roues de nos vélos).
Petite visite des toilettes

L'intérieur du toukoule des parents de Raf
Répartition dans les toukoules, on installe nos affaires et la lampe à pétrole devant pour se repérer. Comme c'est un week-end, le campement est plein (tout ce chemin parcouru pour que nos maris retrouvent les mêmes têtes qu'à leur bureau ! Lol !). On se promène un peu dans le camp et c'est l'heure du repas. Dès 21h, extinction des feux, il n'y a pas grand chose d'autre à faire et il faudra se lever tôt le lendemain pour la rando. Et là je passe une partie de la nuit à faire la chouette quand mes hommes dorment sur leurs deux oreilles ! Pff ! Pas juste ! Mais je finis quand même par m'endormir, réveillée au petit matin par le jour et les oiseaux. Et bientôt par le boucan que font les singes verts dans le campement et les arbres environnants, attirés par les touristes qui viennent les nourrir.
Les singes verts.... aux cacahuètes bleues !
Un vrai show, ils sont agiles et rapides. Petit déjeuner hypercalorique avec les galettes à l'huile et l'huile au nutella (que certains roteront toute la journée) avant d'entamer la rando. A peine sortis du village, ça commence à grimper. Et qui est à nouveau derrière à faire et à traîner son boulet ? Moi ! Heureusement que j'avais déjà décidé de ne pas faire la rando dans sa totalité, j'ai pas de jus dans les cannes ce matin. Sur le chemin, nous découvrons le figuier étrangleur qui, lorsqu'on gratte un peu l'écorce, "pleure" une sorte de lait qu'il faut laisser sécher sur la main et que l'on peut ensuite mâcher comme du chewing-um. Après 1 heure de montée, on arrive à la palmeraie et on se sépare, ceux qui continuent et ceux qui redescendent vers le camp. (moi faisant partie, vous l'aurez compris, du second groupe).
"Le figuier qui pleure du petit lait"
comme dit le guide
La petite pause que nous faisons dans ces jardins nous permet de voir le reste du groupe gagner la montagne en face, et nous nous faisons des signes et des coucous bien relayés par l'écho ! Ou comment faire fuir toute la faune des environs ! Déjà qu'il y a quelque chose comme 3 groupes qui font la rando vers la cascade ce matin, ça se bouscule sur les chemins ! En redescendant, nous avons une pensée pour les grimpeurs, le soleil est présent et cogne déjà pas mal. Pour nous une fois en bas, ce sera petite douche fraîche et Trivial Pursuit avec la tribu de Stéph, les filles contre les garçons. Je pense qu'après cette expérience, je ne suis pas prête à rejouer avec des ados dans un avenir proche ! Lol ! Toutes les questions sont nulles car elles datent du siècle dernier, ou comment prendre un siècle dans la tête en une seconde, sans rien avoir demandé ! Lol ! T'as beau leur expliquer que toi aussi tu as dû apprendre des choses qui dataient de bien avant ta naissance (même s'ils ont du mal à croire que tu sois né après l'âge d'or des dinosaures), rien n'y fait, il leur faudrait des questions de 2014, ou éventuellement de 2013. Pas antérieures ! Lol ! Comme ça part en sucette, on arrête là, de toutes façons les premiers randonneurs arrivent.
Loic en tête, rouge et trempé, le souffle court, mais bon premier de notre groupe. Raf et les parents qui suivent, aucune fatigue ne se lit sur leur visage, et pas une goutte de sueur ne tâche leur t-shirt ! Il faut dire que pour eux (les parents) qui ont fait l'ascension du Kilimanjaro il y a 2 ans, cette petite rando était une formalité ! Qui leur a bien plu tout de même. Le paysage avait changé aux dires de Raf, du fait de cette "abondance" de verdure par rapport à notre dernier séjour. Au final la rando ne fait que 4,4 km (moi j'avais l'impression d'avoir marché bien plus la dernière fois. Rhoo le coup au moral ! Lol !), et le groupe l'a réalisé en 3h30 environ, c'est dire si les participants ont bien
dropé ! Certaines personnes des autres groupes rentrent au camp en voiture (du coup mon moral remonte un peu, j'ai quand même fini à pieds la dernière fois !). Douche et repas mérités (et Riry qui revit en voyant que, ce midi, il y aura du pain avec le déjeuner !). Pas le temps de commencer à digérer, il faut tout ranger et descendre nos affaires pour repartir au plus vite, une longue route nous attend. En plus des sacs de l'aller, Riry repart avec une petite bosse sur le crâne, eh oui, c'est bas le toit d'un toukoule ! Lol !


Le repas est tassé dans nos estomacs, vite fait, bien fait, avec ces 13 km de montagnes rocheuses russes. Geoffrey est assis devant, entre le chauffeur et le guide, aux premières loges, et les bras levés dans les descentes, comme dans un manège (pendant que moi je transpire, je me cramponne et je prie). Sur le chemin, beaucoup de dromadaires et de chèvres. Nous profitons bien à fond des paysages que nous ne reverront normalement plus jusqu'à notre départ. Et de l'ambiance grouillante et bruyante de Oueah, petit village que nous traversons à la sortie d'une belle montée sur la route de l'Ethiopie, où tout le monde roule lentement et se fait assaillir par tous les marchands du coin (ce qui nous avait valu la prune de la semaine précédente). Vu de l'extérieur, le poste de gendarmerie a l'air grand comme une boîte à chaussures, et je m'imaginais très bien le fonctionnaire muté là, "Oh non, je suis muté à Oueah", paniqué comme le personnage de Kad Mérad dans Bienvenue chez les ch'tis, en apprenant sa mutation à Bergues ! Les adieux se font dans la cour de chez Steph, les familles vont commencer à rentrer à partir du lendemain.

Vue du campement sous la verdure et les fleurs
En ce qui concerne nos invités, il reste encore le lundi pour profiter un peu. Ce sera donc "shopping" avec Dominique qui fait l'acquisition des derniers petits cadeaux (qu'elle cache bien vite sans que Riry s'en aperçoive). Pas envie de cuisiner et d'avoir de la vaisselle, c'est donc repas pizza au Top Gun pour la dernière soirée. Classique, mais efficace !

Et c'est reparti avec la doudoune !
Lundi. Ca y est, le jour du départ est déjà arrivé. Ces quelques jours ont passé à la vitesse de l'éclair. Mais nous en avons bien profité, les parents de Raf ont l'air ravi et repartent de beaux souvenirs en tête. Ils remettent pantalon et doudoune et repartent avec autant de bagages qu'à l'aller, alors qu'ils pensaient en avoir moins, une fois débarrassés de tout ce qui était pour nous ! Fatal error ! Lol ! Au retour de l'aéroport, la maison est bien calme, ça va nous manquer les gens qui parlent avec Riry partout où il va, ses aventures avec la monnaie locale et les prix, le petit coup d'air dans le matelas gonflable tous les jours, son angoisse (bon, d'accord, j'éxagère un peu) du "aujourd'hui y aura-t-il du pain ou pas ?",....! Je l'imagine bien une fois rentré, ne plus se séparer de son badge chaque fois qu'il sort, négocier le prix de sa baguette et tutoyer tout le monde ! Lol ! C'est l'effet Djibouti ! Et encore, eux n'étaient là qu'à peine plus de 2 semaines. Imaginez nous, au bout de 2 ans ! Alors si vous me trouvez un peu changée en rentrant, étrange, tête en l'air ou un peu fofolle (plus que d'habitude je veux dire), pas de panique ! Il faut attendre que les effets s'estompent, retour à la normale prévu. Quand ? Ca c'est l'avenir qui le dira, mais je serai bientôt de retour !

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