16 avril 2014

Encore de beaux moments partagés


 Lundi 7 Avril


Ca y est, je me suis enfin décidée il y a quelques jours. A quoi me direz-vous ? Parce que côté bonnes résolutions à tenir, il y en a une nuée en ce qui me concerne ! Mais c'est bien plus simple que ça ! Je me suis décidée à me faire une nouvelle coupe. Car y'en a marre ! Marre de ces cheveux rebelles et indisciplinés et de leur volume qui me font un gonflant à la "Drôle de dames" qui aurait eu un accident avec sa hotte aspirante, quand c'est le lissage qui est à la mode ! Marre de ces horribles cheveux gris et blancs qui me rappellent sans cesse que le temps passe inexorablement, alors que j'ai un mari qui s'en charge déjà très bien (lol) ! Bref, n'y tenant plus, j'ai contacté la coiffeuse pour prendre RV ce matin, une fois les enfants posés à l'école, et le mari au travail. Lise (la coiffeuse) est bien équipée, nous transportons tout son matériel chez moi. Après avoir choisi la couleur que je voulais sur son classeur, on s'installe et c'est parti. Après une première partie coupe, pour dégager (je pourrais même dire désherber, ça convient presque mieux vu tout ce que j'ai sur le tête) une vue d'ensemble, on passe au shampoing. C'est là que ça se corse, coupure d'eau ! Bon ben, comme dit Lise à ce moment là, "je m'adapte". Heureusement que j'ai des bouteilles d'eau en réserve, nous allons nous en servir. Bon ben il faut une première fois à tout, je me fais laver les cheveux avec de l'eau additionnée d'eau de javel ! On repart pour peaufiner la coupe et faire le brushing, mais tant qu'on y est, on cumule les handicaps, il n'y a pas d'électricité non plus. Comme ça c'est clair ! Bonne idée de faire venir la coiffeuse à domicile quand il n'y a ni eau ni électricité ! Bien joué ! Le groupe électrogène est remplacé dans la résidence (ce qui est une bonne chose), voilà le pourquoi du comment. Qu'à cela ne tienne, nous remballons et c'est la coupe à moitié faite et les cheveux mouillés que je pars avec Lise chez elle sur la base pour tout terminer. Ca y est, après quelques péripéties, me voilà délestée d'une partie de mes cheveux et avec une nouvelle couleur. Au grand désespoir de mon mari (que je n'avais pas prévenu en plus), et de mon fils aîné qui dit que je ressemble à un garçon (non mais il a des problèmes de vue !). Y'a que Gab qui me trouve jolie, et mes copines ! Heureusement qu'elles sont là ! Lol ! Et sur le sol de ma cuisine, une espèce de chien chevelu écrasé sur les carreaux, on dirait une perruque abandonnée là ! Ben une chose est sûre, je ne suis pas prête d'être chauve moi ! Lol !

Mais que serait Djibouti sans ses problèmes de voiture ? Eh bien, ça ne serait pas Djibouti. Alors non, ce n'est pas moi qui suis concernée, mais Marie. Voilà plusieurs jours que sa voiture est capricieuse et démarre quand elle veut. La laissant sur le parking de Casino avec ses surgelés dans le coffre obligée d'appeler Super Roland à son secours avant d'aggraver encore davantage la fonte des glaces ! Direction le garage, tu sais quand tu la laisses, mais pas quand tu la reprends. "Samedi, Inch'Allah !". Du coup elle loue une voiture en attendant, mais qui tient plus de la benne à ordures que de la berline familiale. A l'intérieur, mouchoirs usagés, khat séché et canettes de sodas vides sont dispersés dans l'habitacle (de quoi donner du travail aux experts de la police scientifique). A l'extérieur c'est pas mieux, une porte de coincée, pas de clignotants, pas de clim, 3 vitres sur 4 qui sont coincées en bas, impossibles à refermer. Seule la vitre côté conducteur est fermée, mais coincée aussi, impossible à descendre. Donc impossible de signaler que l'on va tourner en mettant son bras à la fenêtre, comme ça se fait ici ! Et tu vois notre Marie essayer de conduire sans que son dos ne touche trop le siège, tant elle a peur de découvrir ce à quoi correspondent toutes les tâches qu'elle a vu. Heureusement que son chouff est une fée du logis et lui a bien nettoyé l'intérieur (euh Marie, t'es à jour avec tes vaccins ? On sait jamais ! Lol !). Depuis, ça s'est arrangée, elle a récupéré sa voiture, j'espère que l'épisode des pannes est derrière elle maintenant !

Mardi, réunion d'informations pour les partants. Où nous devons recevoir des infos diverses et variées sur les démarches à faire avant et à notre retour en France. Et là je me dis que l'armée est vraiment un monde à part, championne du monde toute catégorie des abréviations. J'ai beau être dans ce milieu depuis quelques temps déjà, il y a vraiment des fois où je nage totalement (pour ne pas dire je coule). "Pour avoir droit au BFE, il faut remplir le dossier CFI que vous trouverez au bureau du GBN ". Oui, mais encore ?! Le régime du paiement des impôts a changé mais tous les personnels des impôts ne sont pas encore au courant (ça promet), et il faut penser à chercher une crèche ou une assistante maternelle à J-15 jours avant le retour en France (très réaliste ! Sachant qu'il y a parfois 1 an d'attente pour les places en crèche). Mais le clou a été l'intervention éclair des 2 dames des impôts qui sont venues en retard, ce qui peut arriver, mais sans s'excuser ni se présenter et sans finalement ouvrir la bouche. Ca a été si rapide que je ne les ai même pas vu repartir ! Technique des avions furtifs ! Bref, à la fin de la réunion, une impression que ça ne va pas être du gâteau, et que nous allons passer notre temps à courir de droite à gauche dans les administrations et à user nos doigts sur les touches du téléphone à force de faire "taper 1", "taper *", "taper 3",.... Et à batailler pour obtenir attestations, papiers, feuilles vertes, formulaires rouges,.... De quoi en voir de toutes les couleurs ! Je me réjouis d'avance de faire face à la machine administrative française ! Seule consolation, je me dis que ça ne peut pas être pire qu'ici. Reste à commencer à faire certains courriers, histoire de les préparer à notre retour, ça va leur donner le temps de rechercher nos dossiers et de les ressortir des archives !

Pétrissage de la pâte... à la main
Mais avant de se perdre dans le labyrinthe bureaucratique, il s'agit de profiter encore un peu des dernières activités proposées par le club. Et aujourd'hui, c'est cours de cuisine chez l'habitant. Nous retournons dans la maison et la famille de Mohamed qui nous avait déjà reçu pour le dîner de la semaine dernière. Nous allons apprendre à faire les biscuits au pavot et les kamirs, avec quelques femmes de la maisonnée.
Nous découvrons une autre pièce de la maison, il y a la clim, super ! Nous nous installons sur les coussins du sol, carnet et stylo en main pour prendre note des recettes. 3 femmes vont cuisiner ensemble et Mohamed va rester pour faire quelques traductions lorsqu'il le faudra. Elles sont assises comme nous par terre sur des coussins, les jambes pliées je ne sais comment. Et elle vont cuisiner comme ça, avec les grands saladiers et les petites tables basses rondes entre les jambes. Je ne sais vraiment pas comment elles font dans cette position, c'est assez inconfortable ! Et nous nous sommes ankylosées au bout d'à peine 5 minutes, quand elles vont rester ainsi pendant 3 heures d'affilée ! C'est impressionnant cette capacité de rester accroupi les talons au sol pendant si longtemps ! On commence par la préparation de la pâte pour les kamirs, car elle doit lever et donc rester au repos. Ici pas de robot ménager, on fait tout à la force des bras, ces dames n'ont pas besoin du cours de muscu ! Car bien sûr, elles ne vont pas cuisiner juste pour faire 500 g de pâte ! Mais quelle quantité exactement, ça mystère ?! Il faut dire que les recettes doivent se transmettre oralement de générations en générations, tout est fait à l'oeil et au toucher. Dans ces conditions, dur de prendre des notes. On écrit au fur et à mesure, mais en cours de route, le dosage des ingrédients évolue en fonction de comment est la pâte. Ce qui est au départ 2 verres d'eau se transforme en 1 L  en cours de pétrissage. Idem pour la farine, la levure,... Je ne vais donc pas me lancer dans la rédaction d'un livre sur la cuisine djiboutienne, il en existe déjà de toutes façons. Ca change des cours de pâtisserie du Kemp où le chef savait même combien pèsent en moyenne 1 blanc et 1 jaune d'oeuf ! Bon, on suit et on note comme on peut, il faudra remettre au propre plus tard.
On commence la cuisson
Pendant qu'une fait la pâte des kamirs, une autre s'occupe de celle des biscuits au pavot. Et nous, nous avons droit à un bon chaï avec une sorte de brioche éthiopienne très moelleuse. En plus de rectifier le dosage, il faut aussi parfois le faire avec la traduction, ce qui Mohamed nous fait sentir comme étant de la cannelle est en réalité de la citronnelle. Il nous fait également passer un sachet de petites graines noires qui seront incorporées aux kamirs, et que nous tentons d'identifier. Pour certaines d'entre nous, il y a comme un léger goût de cumin. Le nom donné par Mohamed est (phonétiquement retranscrit) abatassoda. "Tu demandes ça aux Mouches dans les magasins arabes !", nous dit-il. Bon alors en fait, il s'agit des graines de Nigelle, nommées aussi "cumin noir" (trop forte je suis, j'avais détecté un léger goût de cumin), qu'on peut trouver en France aussi dans les épiceries arabes, car c'est très utilisé dans la cuisine musulmane. On s'attend aussi à voir passer le sachet de graines de pavot, mais en fait, le pavot est déjà dans la farine. C'est le moment de s'essayer au rouleau à pâtisserie pour étaler les morceaux de pâte des biscuits au pavot. Chacune notre tour, histoire de dire qu'on a quand même participé un peu, pas fait que nous empiffrer (quoique ! Lol !).
Le voilà le fameux "fog" djiboutien
Les femmes installent les réchauds à gaz et versent l'huile pour la cuisson. Mais pas à partir d'une bouteille comme nous, elles, c'est carrément une utilisation quasi industrielle, ça sort de bidons jaunes style jerricane d'essence (si vous pouviez ne pas vous trompez avec l'huile de vidange voiture, ça serait gentil. Merci beaucoup !). Je trouve l'huile un peu trouble, soit elle a déjà servi, soit c'est une huile genre huile de palme. Pendant que ça chauffe, la pâte des kamirs est divisée en petites boules qui sont ensuite aplaties en galettes avant d'être cuites. Le gaz commence à nous piquer les yeux et nous prendre à la gorge, le fameux "fog" de Londres existe aussi à Djibouti ! Je vais le voir sur les photos, les premières sont bien claires, et on finit avec un nuage gris sur les derniers clichés !
Lol !
Cuisson des kamirs
Nous voilà toutes avec nos boîtes plastiques garnies pour faire goûter à nos familles. Mais avant de partir, obligation de goûter, je vous laisse donc imaginer la nouba dans nos ventres, intestins et estomacs remplis de nourriture frite, à base de levure, qui a encore gonflé au contact du chaï ! Inutile de vous dire que j'ai sauté le repas du soir sans aucun remord ! Il m'a quand même fallu le préparer pour le reste de la famille, mais après une bonne douche, cheveux compris, je sentais la friture à 3 km à la ronde ! Même mon sa à main a imprégné la serviette sur laquelle je l'avais posé ! Juste délirant ! Mais c'était bien bon, encore plus customisé le lendemain avec de la confiture de fraise. Encore un beau moment de découverte et de partage !

KAMIRS

1 cuillère à soupe bien bombée de levure
1.250 kg de farine tamisée
1 verre de sucre
2 verres d'eau
1 cuillère à soupe de sel
1 verre d'huile + huile pour la cuisson
1 cuillère à soupe de colorant (poudre colorée non odorante)
5 graines de cardamome écrasées
1 cuillère à soupe de graines de Nigelle
2 oeufs

Mélanger les solides. Rajouter 2 oeufs.
Rajouter les liquides petit à petit. Mélanger à nouveau.
Rajouter de l'eau et travailler jusqu'à ce que la pâte ne colle plus aux doigts. La battre un peu avec les mains et faire une boule. Laisser reposer 15-20 minutes.
Faire de petites boules puis étaler en petites galettes (de la grandeur d'une paume de main).
Faire chauffer l'huile. Y mettre les beignets 4 par 4. Les arroser et les retourner en cours de cuisson. Les beignets sont cuits quand ils ont une belle coloration ambrée.

BISCUITS AU PAVOT


2 kg de farine avec pavot incorporé
2 verres d'eau avec un peu de sel
huile

Mélanger l'eau et la farine. Travailler la pâte jusqu'à ce qu'elle ne colle plus aux doigts.
Couvrir, et laisser reposer à l'abri des courants d'air.
Etaler en petites galettes (bien fariner le plan de travail). Plier chaque côté vers le centre de la galette, puis rabattre les côtés vers le centre. Vous obtenez un carré de pâte.
Aplatir à nouveau ce carré de manière à obtenir une galette carrée. Faire cuire des 2 côtés sur une plaque en rajoutant de l'huile, sur la plaque et la galette. La galette est cuite quand elle prend une teinte ambrée.

scrap "bulles"
Dès le lendemain après-midi, je scrape. J'ai laissé ma page "poissons" en suspens, il s'agit de la finir. Sur les conseils (toujours avisés) de Véro, je pars sur une composition en bulles. Au moment de la préparation, je ne visualise pas trop, mais au fur et à mesure des découpes, ça prend forme sous mes yeux, et c'est plutôt sympa et original. Comme mon fond est chocolat, je choisi un vert d'eau (il parait que c'est LA couleur de cet été, scoop de chez Scoop) pour le titre et le décor. Et 1 page de plus de fait, il en reste encore 3 (mais recto-verso). Autant dire qu'il ne va pas falloir que je m'endorme ! Ca tombe bien, j'ai fait le stock d'oranges dans mon frigo ! A moi les vitamines !

A chacune sa surprise
Jeudi. On commence bien la journée par un petit déjeuner de filles chez Marie. Chaque invitée ramène un petit quelque chose, Marie fournissant les boissons, et nous mettons tout en commun pour partager. Du coup c'est royal, il y a sur la table des crêpes, des muffins, du pain d'épices, du fondant au chocolat, des pains au lait, et des madeleines. Ca valait le coup d'attendre un peu ! Echange de cadeaux avec les nouvelles mamans présentes, Nadine reçoit un joli scrap encadré fait par les filles.
Et c'est dans cette ambiance messes basses et regards de comploteuses que moi aussi, je reçois un magnifique scrap pour mon anniversaire, sorte de best-of de nos moments partagés, avec une carte et de gentils petits mots des copines. Trop d'émotion pour moi, premières larmes d'une longue série à venir dans les prochains temps ! Du coup, ça a donné l'idée à Véro de prévoir une petite enveloppe avec un mouchoir à l'intérieur sur un futur scrap. Pour les émotives et sensibles comme moi ! Merci les filles, c'est un cadeau qui me touche beaucoup ! L'occasion aussi pour moi d'apprendre que Marie n'a pas toujours eu de RV chez l'assistante sociale, mais qu'elle complotait avec les filles chez Véro ! Rhoo les coquines !  Mais si  c'est pour faire de si jolis cadeaux, je valide et j'adOOOOOre !



Les filles
Et comme c'est la journée "on ne se quitte plus", on retrouve les même le soir. Les filles et leurs maris devaient participer à la soirée disco-fluo du Héron, mais suite à des problèmes électriques, elle a été annulée. Pas de quoi démotiver les filles qui voulaient absolument porter leurs superbes t-shirts fluos achetés la semaine passée. Et voir la tête de leurs hommes dans les leurs.
Les garçons
Ce sera soirée fluo ou ça ne sera pas ! Nous ne devions pas assister à la soirée du Héron, mais du coup venons à celle de ce soir au restaurant. Mais ordre nous a été donné de venir avec quelque chose de fluo, sous peine d'être privé de repas ! Comment dire que les petites tailles des magasins alentours ça ne va pas le faire pour moi ? "Peu importe, t'es pas obligée de mettre un t-shirt, un bandeau ça marche aussi, ou un string, mais seulement si tu le mets sur ta tête", me dit Marie ! Le soleil tape fort, mais pas encore à ce point là quand même ! Lol ! Et va convaincre Raf de porter du fluo ! Encore que, pour lui ça va être simple, il mettra un de ses t-shirts marathon qui ont toujours des couleurs bien flashy ! Ce sera donc orange pour lui. Quant à moi, à force de concentration, l'idée lumineuse (ben oui, c'est fluo) jaillit. Et je me pointe au restau avec le gilet jaune à bandes réfléchissantes haute couture de Karl Lagerfeld ! Sous les "j'adore" de Nadine ! Bon seul inconvénient, je gâche un peu certaines photos, on voit que les bandes dessus ! Les gens ont dû nous regarder avec un drôle d'air, genre c'est quoi cette secte étrange et bizarre ?! Peu importe, nous avons passé une super soirée avec cette farandole de pizzas, à en avoir la tête qui tourne comme dira Roland ! Non, le fluo n'est pas mort !
Marie et moi

1 commentaire:

  1. J'espère que vous aimez votre séjour dans mon pays .Malgré la chaleur et les quelques péripéties (panne de voiture et coupure de l électricité) mais je pense que c'est ceux qui rend l'aventure excitante et l unicité de Djibouti.

    RépondreSupprimer