28 avril 2014

Comment se passe un week-end de Pâques à Djibouti ?


 Jeudi 17 Avril

Vue panoramique des Sables Blancs
13h (euh, enfin en réalité 14h), départ de Djibouti pour notre long week-end pascal. Accompagné de Yayo et de son 4x4, nous partons sur la route direction les Sables Blancs. Depuis le temps que j'en entends parler et que je vois de belles photos, je vais enfin découvrir le site en direct. Nous prenons la route habituelle, qui m'a cette fois, semblé moins longue que d'habitude. La faute au fait qu'il y a avait un certain nombre de pipelettes dans la voiture ? On rencontre toujours autant de dromadaires, biquettes, zébus sur la route, les habitants des petits villages nous saluent au passage, on voit les paysages désormais familiers, les habitations nomades,...Le lac Assal est baigné par la lumière du soleil, on dirait une banquise d'or (pensée pour Benj). Quant au Goubet, il est magnifique, très net, pas de brume aujourd'hui, l'eau est d'un bleu intense, ce n'est pas souvent qu'il s'offre ainsi. Après 3h30 de route, un petit panneau nous l'annonce, comme un avant goût de paradis, "Sables Blancs". Un peu de piste et une jolie descente (rien que pour Nadine) avec de la place que pour une voiture, option ravin ou montagne. Et c'est l'arrivée sur la plage. Il y a de grands toukouls pour manger dessous ou y dormir, ou des bungalows en dur, avec clim, quasi les pieds dans l'eau. Ils sont sympas et confortables.
Chambre des parents
Devant le nôtre, un joli laurier couvert de fleurs blanches. Une belle terrasse avec des meubles de jardin, puis le bungalow, une chambre pour les enfants, face à la mer, et celle des parents avec un vrai grand lit, un tapis moelleux au pied du lit, un tapis ethnique accroché au mur. Une salle de bain simple, pas de bac à douche, un écoulement au milieu de la salle de bain. Seul un rideau sépare la douche des toilettes. Mais que vouloir de plus ? L'électricité ne fonctionne que le soir, et quelques heures pendant la sieste pour pouvoir mettre la clim. Vue sur le sable clair, l'eau est calme et chaude. On peut se promener le long de la plage à dos de dromadaire pour faire la petite photo souvenir. Le repas sera pris en terrasse, nous sommes servis à domicile, pas besoin d'aller dans la salle commune. A notre arrivée, chaï et samossas de bienvenue. Presque tout le monde est à l'eau, pour profiter un maximum des températures plus que clémentes et se rafraîchir un peu après notre périple routier. Car nous sommes tout transpirants et couverts de poussière. Nous voisins d'immeuble sont nos voisins de bungalows, où qu'on aille, on tombe toujours tous les uns sur les autres !


Après le repas, pendant que certains d'entre nous vont s'asseoir les pieds dans le sable face à la mer, les autres font une plongée nocturne. De temps à autre, on voit un flash orange dans la pénombre, et le faisceau de la lampe qui se déplace sous l'eau. C'est que mon Raf est équipé ! Je ne sais pas si c'est ce curieux équipage qui les fait fuir, mais une colonie de crabes beiges sort de l'eau et envahit la plage tout d'un coup. Le chien de Nadine s'est érigé en gardien de la plage et les pourchasse d'un bout à l'autre. Mais c'est qu'ils se déplacent à une vitesse inimaginable. Ils me font penser à l'escargot du dessin animé Turbo ! Et une fois ce spectacle passé, nous avons doit à des poissons sauteurs qui se promènent le long de la plage, tout au bord, comme s'ils suivaient le pêcheur qui venait de passer. Nous les reverrons dans l'autre sens un peu plus tard, même mode opératoire, mais cette fois au devant du pêcheur. La nature ne cesse de nous étonner tous les jours ! Entre temps l'électricité a été mise en route et surtout, on nous a remis l'eau (nous n'en avions pas à notre arrivée dans notre bungalow). On est bien, en face de la mer, les pieds dans le sable sous la lune. Pour un peu, on ne voudrait pas aller se coucher. Quoique, pour une fois que nous avons un vrai grand lit ! Ca va nous faire passer du lit de la maison dimensions "arrêtes de me coller" à celui du bungalow "eh chéri, t'es où, je te trouves nulle part ?!".

A la découverte des richesses et des beautés de l'océan
A 6h30, me voilà réveillée, prête à regarder l'océan encore vierge de toute présence humaine. Ben, en fait non, une famille avec un enfant en bas âge est déjà en mode baignade ! Nadine et sa famille ne tardent pas non plus, une  PMT avant le petit déj ! Qui se passera en terrasse, face à la plage et avec les lunettes de soleil sur le nez ! Du bonheur je vous dis ! Puis vite fait quelques photos avant que les bateaux ne débarquent tous leurs touristes ! Raf mitraille les alentours et fait même la rencontre d'une famille de damans (trop mignons !), sans doute sédentarisés par la proximité d'une nourriture abondante (les poubelles du campement). Et saisit sur le vif de magnifiques tisserins (oiseaux jaunes aux yeux rouges) en train de faire leurs nids, la tête à l'envers. Ce sont les traditionnelles galettes qui constituent notre petit déjeuner, on ne risque pas d'avoir besoin de poids pour descendre au fond de l'eau ! Mais en fait elles sont bonnes, bien moins grasses qu'à Dittilou.

Voilà ce qu'on découvre
en ayant à peine de l'eau jusqu'aux genoux !
Ca y est, l'heure est venue pour moi d'aller nager dans cet aquarium géant à ciel ouvert. Dès le bord, l'eau est transparente et se confond presque avec le sable blanc. Rien que là déjà, il y a des bancs de poissons quasi transparents. Au fur et à mesure qu'on avance plus avant, les merveilles se succèdent. Rien que les fonds marins valent déjà le détour, coraux de forme ronde, ou effilés, arches de coraux, les couleurs vont du rose au violet, en passant par le bleu, le jaune,... Quant aux poissons, c'est une explosion de couleurs ! J'ai la chance d'arriver à l'heure du repas, je vois donc les poissons grignoter le corail. En fait, je ne sais plus où donner de la tête tellement c'est beau (excepté mes cheveux qui me reviennent sur les yeux toutes les 10 secondes comme une vieille moumoute qui ne tient plus sur la tête d'un chauve !). Je suis un poisson, puis un autre croise mon chemin et je le suis lui,... Je vais jusqu'au tombant, c'est impressionnant, du corail et tout d'un coup, ça descend à pic, on ne voit que du bleu et du sable au fond. Pour un peu, ça attirerait comme le vide ! Je n'arrive même pas à compter le nombre d'espèces différentes que je vois tant il y en a. Et certaines ont une grandeur qui en impose  ! Et tout au long de ma promenade, les "sergents-majors" nagent autour de moi et m'accompagnent, ils ne sont vraiment pas farouches ! Certaines couleurs sont presque fluos, on croirait que les poissons ont avalé des produits chimiques ! J'aime beaucoup le poisson jaune et bleu tacheté façon léopard avec ses lèvres jaunes fluos ! Et il y a même le poisson perroquet bicolore qui ressemble étrangement à celui en plastique offert à Dominique l'été dernier ! Bref de découvertes en merveilles, je ne vois pas le temps passer, voilà 1h30 que je suis en mode masque-tuba. Le résultat ne se fait pas attendre, j'ai le coup de soleil des pratiquants PMT, sur les cuisses et les mollets ! Repas de midi en terrasse à nouveau, comme la chambre n'est pas louée le soir, nous pouvons la garder jusqu'à notre départ, cool ! Dur de s'asseoir, ça me brûle, je me fais l'effet d'être un peu comme une plancha ! Lol ! Le seul remède à peu près efficace que j'ai trouvé, c'est de m'asseoir sur le carrelage de la chambre, qui est bien frais. Quel soulagement ! Notre escapade aux Sables Blancs touche à sa fin, il est temps de tout remballer et charger dans la voiture de Yayo, direction le campement de la Mer Rouge.

Trombinoscope de quelques habitants des fonds marins






















Après un bon moment sur la route, un  peu de piste et nous arrivons. Et là, on se dit qu'on a quitté les Sables Blancs à regret. Notre nouveau lieu d'hébergement est comme un petit village de cases genre daboitas.
C'est pas que c'est déplaisant, loin de là, c'est juste autre chose. Après ce que nous avons quitté, le contraste est saisissant. C'est bien plus rustique, spartiate même.  La case est équipée de 2 fois 2 lits surmontés pas une moustiquaire, il y a deux petits meubles, un ventilateur et la clim (voilà pourquoi on dit "chambre luxe" !) qui fonctionne après le repas. La "salle de bain" se résume à un W.C. et dans le coin, juste un pommeau de douche. Pas de rideau pour séparer, pas de bac pour délimiter, juste un écoulement au milieu.
Notre chambre
Mieux vaut ne pas être assis sur les toilettes quand l'autre prend sa douche ! Encore que, de douche il n'y aura point pour nous, pas d'eau ni là, ni au robinet (décidément, ça devient une habitude). Seul un petit robinet sous le lavabo fonctionne. A la guerre comme à la guerre, nous avons un seau en plastique plein d'eau ainsi qu'un pichet. Sur la butte se trouvent 4 chambres en dur qui ont été réservés par les gens que nous avons croisé hier (des collègues de nos maris), qui sont tombés en panne par deux fois sur le trajet. Ils doivent également arriver ce soir, on en viendrait presque à souhaiter qu'ils ne puissent pas venir pour essayer de négocier la redistribution de leurs chambres ! Ouh, c'est pas beau ça ! Ils vont finir par arriver un peu après nous malgré leurs mésaventures automobiles.
La salle à manger
Petit tour sur la plage avant le dîner, il faut descendre des escaliers de fortune pour y accéder. Sur la plage, encore six cases, pas de clim, mais vue sur la mer quand tu prends ta douche ! Repas dans la salle à manger, qui est en fait une vaste paillote au sol de galets des oueds environnants, les chaises sont en bois et cordage, le bar est en pierre, c'est très sympa. On regrette juste le retour de nos meilleurs ennemis, les moustiques, qui avaient déserté aux Sables Blancs. Nous voilà obligés de nous asperger des pieds à la tête de lotion anti-moustique, et pour Nadine, d'arborer sa tenue ultra glam, pantalon de jogging et superbes chaussettes motifs dalmatiens ! Retour en chambre, nous ne pouvons pas régler la clim qui nous souffle dessus, nous sommes donc emmitouflés toute la nuit dans nos plaids ! Incroyable, non ?! Après avoir passé une partie de la nuit à faire la chouette, je me lève pour faire quelques photos à la fraîche, il ne doit pas être bien plus de 6h du matin !
Vue de la colline sur les bungalows de la plage
Je retrouve Nadine et l'un de ses fils dans la salle à manger. Ce dernier est mal en point, perclus de douleurs au dos, aux reins, fièvre, suée, difficultés à respirer,...Et moi qui me plaignais de faire la chouette, eux ont passé une nuit blanche. On laisse passer un peu de temps, mais rien n'y fait, même les remèdes de grand-mère de Yayo (quand on ne sait plus quoi faire on est prêt à tout essayer ) ne le soulagent pas. Et là c'est "qu'est-ce qu'on fait ?". Yayo amène Nadine et son fils au centre médical d'Obock, dont le médecin suspecte une appendicite. Plus de question à se poser, si c'est ça, il faut rentrer. On récupère tout le monde (dont mon mari que j'ai malencontreusement enfermé dans notre chambre, et qui a dû sortir par la fenêtre pour pouvoir prendre son petit déj ! J'ai fait mon Kinder comme dirait Stéph, blonde à l'extérieur ET à l'intérieur !) et nos bagages, et direction Tadjourah pour prendre le bac qui nous ramènera à Djibouti. Deux heures de traversée contre plus de six en voiture, y'a pas photo !


Après un bon moment en voiture, nous arrivons à Tadjourah la Blanche, comme on la nomme ici, en raison de la couleur de ses petites maison basses. Nous sommes environ 173 km de Djibouti, dans une ville considérée comme la cité la plus ancienne de ce pays. On y commerçait avec les Egyptiens et les Arabes depuis des siècles. Elle était ainsi devenue une plaque tournante du trafic d'armes et d'esclaves. C'est aujourd'hui une ville portuaire d'un peu plus de 25 000 habitants. Ca c'est pour le côté culturel !
Yayo nous dépose au restaurant "Brise de Mer" en face du port, qui possède une jolie terrasse ombragée où nous allons déjeuner. Pendant que lui, va s'occuper de mettre la voiture dans la file pour accéder au bac quand il arrivera. Nous sommes en hauteur, et avons tout le loisir d'observer la rue grouillante et bruyante où se mêlent voitures, piétons, troupeau de chèvres et tuk-tuk, baptisés tuk-tuk de Noël par mes enfants, à cause de leurs guirlandes de Noël accrochées tout autour (clien d'oeil à Rachel, tu vois le "touc-touc" me poursuit ! Lol !). Les hommes, qui ont toujours faim, commandent du poisson yéménite et des galettes, et les autres des spaghettis et du riz. Le restaurant se remplit, ça doit être une adresse connue et appréciée. Nous déjeunons face à la mer et assistons à l'arrivée du bac. C'est d'abord le ballet des camions qui chargent et déchargent les marchandises, ensuite seulement les gens pourront y monter et les voitures y entrer. C'est pour nous le moment de lever le camp, il s'agirait d'avoir une place à bord, nous devons rentrer absolument. La biquette qui était montée sur la terrasse ne s'est pas faite priée pour piquer les galettes de nos assiettes alors que nous tournions à peine le dos ! Vite vite au bac, c'est bon, nous sommes à bord. Reste la voiture qui refuse de démarrer, tout le week-end elle nous a fait ses petits coups de calcaire, nous avons toujours réussi à repartir, mais là pour le coup, elle ne veut rien savoir. Au pire nous trouverons bien un collègue pour nous chercher si Yayo reste coincé ici avec la voiture récalcitrante ! C'est pas comme s'il était en terre inconnue, il est salué de partout, tout le monde le connaît, lui parle, l'interpelle. Une vrai rock star ! Nous nous frayons un passage comme nous pouvons, entre les fagots de bois, les biquettes et tous les passagers. Un plaque nous informe que le bateau est un don du peuple japonais. Le bac effectue les liaisons Djibouti-Tadjourah-Obock. Au premier étage, il y a des sièges et nous pouvons nous installer pour la traversée qui dure environ 2 heures. 2 heures entre le bruit assourdissant du moteur et les conversations et allers-venues des passagers. Beaucoup sont installés le long des rambardes, sur les marches d'escaliers, bref un peu partout. L'ensemble est cosmopolite, patriarches aux barbes rousses, hommes d'affaires du Moyen-Orient, vieilles femmes  fatiguées, jeunes femmes voilées dont on en voit que les yeux, et la jeunesse du pays avec ses jeunes hommes lookés comme les chanteurs de rap Américains et les jeunes filles habillées traditionnellement mais avec tous les artifices et accessoires de modes occidentaux, portables à la main y compris. Comme à chaque fois, on retrouve des connaissances à bord, dont un infirmier anésthésiste de Bouffard dont la présence nous rassure pour le fils de Nadine. A 10 minutes de l'arrivée, Yayo nous demande de rejoindre la voiture (oui il a fini par la faire démarrer) pour débarquer dès que possible et filer à l'hôpital où une amie de Nadine se tient prête pour prendre son fils rapidement en charge. Débarquer, oui ! Mais vite, non ! Les gens se faufilent entre les voitures pour descendre les premiers, pour un peu ils escaladeraient les capots pour y parvenir. Et il faut faire attention aux biquettes paniquées, bref, c'est un peu le cirque ! Marie m'avait prévenue, "tu verras, le bac, parfois c'est l'aventure !". Bon ça a été, pas déplaisant du tout. Dommage d'avoir dû écourter un peu le week-end, le programme était alléchant. Mais que voulez-vous, on en joue pas avec la santé, surtout pas
ici ! Peut être pour une prochaine fois, et si ce n'est pas le cas, je compte sur vous Stéph, Nadine et les enfants, pour le faire et nous envoyer des photos ! En tous cas les Sables Blancs me laissent comme un goût de "reviens-y" ! Alors je crois que je ne vais pas résister et me laisser tenter à nouveau bien vite !

Le bac à Tadjourah

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