18 janvier 2013

Premier cours de cuisine


Mardi 15 Janvier



Entrée principale du Kempinsky

Belle surprise au retour de Raf du bureau ce dimanche, un gros colis venant de maman (elle ne m'a rien dit la coquine). Le temps d'arriver à l'ouvrir (elle aussi doit avoir des actions chez Scotch), et surprise, c'est un colis à 70% gourmand : une belle boîte remplie de petits gâteaux de Noël, et 4 jolis sachets tout aussi pleins, de ceux de ma petite soeur. Miam, à peine ouvert, Raf s'installe sur le lit et s'en déguste quelques uns. Moi idem, c'est trop bon. Il y a aussi ce qui devait être une grande étoile en pain d'épices, mais qui est arrivée en version puzzle, avec les décorations en sucre éparpillées (mais il paraît que Lily y est un peu pour quelque chose sur ce coup là). Je croque à belle dent dedans, la première bouchée ça va, le goût auquel on s'attend est bien là. Mais l'arrière goût est étrange, on dirait que j'ai mangé de l'after-shave ! C'est vraiment très très bizarre (et pourtant, je n'ai pas laissé traîné mes lèvres dans le cou de Raf avant de croquer le pain d'épices, c'est juré).

A part ça, rien de bien passionnant, je me la suis encore jouée Pierrette Richarde en flanquant au moins 5€ de fromage blanc par terre (penser à demander au Père Noël 2 mains en état de fonctionnement pour l'année prochaine), et j'ai failli m'étaler dans la cour de l'école de Geoffrey pleine de boue après l'averse. Ca glisse ! Du coup, bonjour les chaussures, j'ai ramené et déposé de petites plaques de gadoue dans tout l'immeuble. En bonne voisine, j'ai pris mon balai, ne voulant pas laisser le soin aux autres de nettoyer mes dégâts, de toutes façons, même les Dupont et Dupond auraient trouvé le coupable, les traces menant jusque devant ma porte ! Bref, je ne suis pas à ça près, et j'en profite pour balayer tous les paliers et tous les escaliers, qui en ont bien besoin. A certains étages, j'ai l'impression que ça n'est jamais nettoyé ! Déjà que l'immeuble est pas joli-joli, alors on peut faire un petit effort pour l'entretenir. Mais j'ai comme dans l'idée que certains ont déjà pris le pli d'ici, c'est fait à la "wech-wech" !  Il y avait un sparadra sur une marche depuis des semaines, sans que ça gêne qui que ce soit. Eh bien moi, ça a fini par m'embêter, tout comme le sachet dans la cage d'escalier tout en bas. Et pourtant, je suis loin d'être une maniaque à la Danielle et Béatrice de "C'est du propre" ! Mais bon, il y a un moment, il faut agir. Ca valait le coup, ma pelle était pleine de sable, de plumes, de cheveux, et autres substances que je n'ai pas identifié ! Fière de moi, même Raf a remarqué que c'était un peu plus clean !

Je recontacte Ali pour notre désormais traditionnel tampon du district tous les 15 jours. C'est son assistant qui me téléphone, qui parle bien français, c'est plus pratique. Après 48h de silence, il téléphone hier en fin de journée. Rv est pris pour 19h sur le parking de l'école pour lui remettre le papier. Comme il est déjà venu au même endroit la dernière fois, il connaît, on est sauvé. Raf y va, non sans avoir amené avec lui de quoi jouer, on commence à les connaître les cocos ! A 19h30, il me téléphone, toujours personne. Le gars me recontacte dans la foulée, il est sur le parking mais ne voit pas Raf (ben je sais pas moi, achètes des lunettes, à cette heure-ci, il n'y a pas 36 pèlerins dans la place). Et là, attention, ce qui va suivre va vous défriser le brushing. Le gars me dit : "j'ai faim (ravie de le savoir, ça boulverse mon existence), tu me ramènes à manger !" (ah bon, parce que maintenant, on a gardé les cochons ensemble ? Je sais bien que les gens tutoient ici, OK, mais quand même, il y a le ton ! Et en plus, je ne pense pas avoir la tête de Ronald Mc Donald ! La coupe de cheveux, éventuellement, mais la ressemblance s'arrête là). Il me répète bien 3 fois qu'il a faim (comme si j'étais sourde) et me demande si j'ai rien en cuisine à lui rapporter ! Ben mon p'tit gars, si tu étais venu à l'heure au RV, tu serais déjà à la maison  en train de déguster un bon petit plat préparé par TA femme à toi ! Quoique, après réflexion, je ne suis pas sûre qu'il ait réussi à se trouver une gentille petite femme, vu le manque de bonnes manières ! Sur le coup, estomaquée, je n'ai pu répondre qu'un "non, je suis à la maison, c'est mon mari qui t'attend, et il est juste parti avec le papier" (c'est dingue, comment j'ai pu le laisser partir sans le rôti de veau sous le bras ! ). C'est dommage que je n'ai pas la gouaille de Patricia, sur ce coup-là, elle aurait bien pu lui rétorquer son fameux "non mais t'as vu la Vierge ?" . Mais quand on ne s'y attend pas, on est là, tout bête à bafouiller un truc bidon ! En y réfléchissant, j'aurais dû lui dire que, dommage pour lui, ce soir c'était côtes de porc (désolée, je n'ai rien contre le fait de ne pas manger de porc, mais là, il m'a un peu échauffé les oreilles). Encore que, vu le pot que j'ai en ce moment, j'aurais été capable de tomber sur le seul du coin qui en mange  (à savoir que, quand ils n'ont vraiment rien d'autre, ils sont exceptionnellement autorisés à en consommer, j'ai appris ça il y a peu). Ou alors, j'aurais pu lui servir une ration de mon boeuf au cola que j'avais fait ce soir-là, et qui était trop dur, et avec une sauce trop sucrée ! Avec le risque de lui faire tomber les dents et donc de plus revoir mon papier ! Au retour de Raf, on se raconte nos conversations, le gars a redemandé à Raf que je lui apporte à manger avec un "mais elle a rien préparé ta femme ?" (non, elle ne sait pas cuisiner, la dernière fois qu'elle m'a préparé à dîner, elle a failli m'empoisonner), et comme ça ne marchait pas, il lui a réclamé de l'argent (il a quand même divisé ses tarifs par 3 depuis la dernière fois, car oui, il avait déjà réclamé de l'argent la fois précédente). Du coup, Raf ayant refusé, il lui a gentiment dit que c'était la deuxième fois, et qu'il n'étais pas sûr de lui rendre la papier la prochaine fois ! Ca, ça s'appelle du chantage mon petit monsieur, et je pense qu'ici aussi, c'est puni par la loi ! Du coup Raf l'a appâté en lui disant qu'on verrait à la réception de la carte grise ! Non mais, le toupet et le sans-gêne de ce gars, je n'en reviens toujours pas en y repensant. Il est payé pour son boulot, et en plus il veut se sucrer au passage ! C'est le bouquin de Nadine de Rotschild sur les bonnes manières et le savoir-vivre que je vais lui donner à la place d'un repas ou de l'argent  ! Je vous l'avais dit, ça vaut son pesant de cacahuètes, non ?!

Plus calme ce matin, c'est courses. Comme je suis seule, je flâne un peu plus, mais pas trop quand même. J'ai le coffre plein (et le porte-monnaie vide), 4 allers-retours chargée comme une mule avec 4 étages, le temps de tout ranger, je suis en nage. Le t-shirt sorti 2 heures plus tôt est une serpillère, je suis obligée de me doucher et de me changer entièrement (bonjour les économies). Le temps de faire un tour sur le net, et me voilà sur le chemin pour aller chercher Gabriel à l'école. Le soleil picote, je me mets à l'ombre sous un arbre à côté d'un taxi. Et là je souris (extérieurement, mais surtout intérieurement), en voyant l'autocollant sur la porte conducteur (non, ce n'est pas vache qui rit). Djibouti (le pays) et un chameau par dessus (banal pour le moment), avec ce slogan "TAXI MACHIN CHOSE (je ne sais plus le nom, peu importe), UTILITE ET ELEGANCE". Perso j'adOOOOOOre ! Utilité, encore heureux, sinon ça sert à rien d'être taxi ! C'est ta raison d'être, normalement ! Et élégance, oui le véhicule est super entretenu, il est rutilant, les sièges sont en cuir blanc, nickel, la moumoute sur la plage avant et les peluches façons zèbre et girafe sur la plage arrière (eh bien oui, il faut bien rappeler qu'on est en Afrique, dès fois qu'on aurait zappé). Le chauffeur est polo-pantalon beige bien repassé avec la gourmette au bras. Donc, comparé aux tombeaux qui circulent en ville sous ce même nom de taxi, c'est vrai, il est utile et élégant ! Mais encore une fois, je vous le dis, j'adore ! Il faudrait que les petits jeunes des écoles de commerce viennent faire un stage ici, question créativité sur les slogans, c'est le top ! Droit au but, simple et efficace !!

Le chef pâtissier Ilia Pouchkar
Cet après-midi, mon cours tant attendu de "viennoiseries" au Kempinski. Après ma matinée déjà bien remplie, et privée de ma bienfaisante (on dirait une pub pour les tisanes) sieste de l'après-midi, j'espère ne pas piquer du nez dans les croissants tout à l'heure. Les garçons rentrent de l'école, et j'apprends que, tout comme ses camarades, Geoffrey va avoir des cours de soutien pendant 1 mois. C'est par cycle de 4 semaines, chacun à tour de rôle.Ce qui implique qu'il soit à 7h20 à l'école en ville, qu'il ne peut donc pas prendre le bus, et que je suis obligée de l'amener en voiture. Ca veut dire lever les enfants  1 jour de plus de bonne heure, embarquer Gabriel, faire l'aller-retout dare dare pour avoir le temps de déposer Gabriel à son école (qui est à côté de la maison). Et en plus, je viens de le savoir, 5 jours avant ça fait court pour s'organiser. Je devais être accompagnatrice dans le bus, mais là, impossible, je ne suis pas Samantha ma sorcière bien-aimée qui peut se transporter en une fraction de seconde d'un bout à l'autre de la terre juste en remuant son petit nez. Panique, je recontacte Joanne qui me change mon tour, ouf !

Il est 14h15, je lève le camp direction le Kempinsky pour mon cours de cuisine. Je passe le contrôle, les allées sont très fleuries, c'est un bonheur. Comme je suis en avance, je flâne et je prends quelques photos. C'est une vraie oasis, il y a de beaux palmiers (bien verts, et pas brûlés comme je voyais d'habitude), des massifs de fleurs,.... C'est magnifique. L'architecture est de style "maure", avec quantité d'arcs, de lanternes en verres colorés,... Il y a des fontaines et de grandes poteries. Le hall d'accueil est très grand, beaucoup de canapés, de coussins très colorés, de tables octogonales et bon nombre d'objets décoratifs comme des coffres en pierres, des boucliers,.... On ne sait plus où regarder. Je me promène un peu sans m'éloigner, histoire d'en avoir plein les yeux (je vais y retourner prochainement, j'essayerai de faire quelques photos pour vous faire rêver un peu). Mes compagnes de cours arrivent, nous attendons d'être au complet. Direction le 6ème étage, nous traversons un long couloir, il y a des dizaines de chambres, nous voyons qu'il y a un spa, un centre d'affaires, quelques boutiques haut de gamme, des piscines et un bon nombre de restaurants. Celui du 6ème étage a été réservé uniquement pour nous, un employé nous ouvre la terrasse en attendant le chef. Vue sur la mer, et tout en dessous, la piscine VIP avec de belles terrasses ombragées, du superbe mobilier de jardin, de confortables chaises-longues,...."Money, money, money, always funny, in a rich men's world... all the things I could do, if I had a little money in a rich men's world" (Merci Abba). Bon ben, on va se contenter de regarder ! Il a été préparé à notre intention, un bloc note, un crayon, les recettes, une petite bouteille d'eau, et bien entendu, l'incontournable petit calot en papier (celui qui fait genre hôtesse de l'air) et le non moins très seyant tablier en matière sachet (pardon, poche pour mes amis girondins) plastique pour faire tes courses. Glamour tout ça ! Le chef pâtissier arrive, nous passons en cuisine. La pâte à croissants, qui sert de bases aux viennoiseries que nous allons réaliser, est très longue à préparer, entre tours à donner, et temps de repos. Le chef a donc commencé à en préparer le matin, pour gagner du temps. Il nous montre comment emprisonner le bloc de beurre dans la pâte, puis c'est la séance gym avec coups de rouleau à pâtisserie et tours simples et doubles. C'est physique et très technique. Nous pouvons essayer chacune notre tour à toutes les étapes de la préparation. Le jeune chef est très sympa, et aussi bon pédagogue. Nous nous amusons bien, les rires fusent, les questions aussi, chacune a une anecdote et un truc de gourmande à donner à la voisine. Nous apprenons la découpe et le façonnage des croissants, des brioches suisses, des escargots,.....

Concentration maximale

Pour ma part, je ne résiste pas lorsque le chef déballe la grande boîte contenant les bâtonnets de chocolat qui servent à garnir les chocolatines, et je m'essaye au garnissage et au roulage, tout en chipant un bâtonnet au passage, ben oui ! Le chef nous livre quelques secrets, de nombreux conseils, et quelques recettes toutes simples pour varier les garnitures de nos viennoiseries. Le temps a filé à toute allure, c'est déjà la fin du cours. Chacune de nous reçoit une boîte avec 10 pièces : croissants, chocolatines (ça y est, je deviens une vraie girondine, je ne dis déjà plus petits pains au chocolat), escargots aux raisins, briochettes parisiennes et muffins aux amandes. Et comme nous sommes gourmandes, et que nous commençons à prendre le pli des coutumes locales (qui consistent à réclamer toujours quelque chose), nous demandons au chef de pouvoir repartir avec les pâtes avec les quelles nous nous sommes exercées, et que nous avions déjà garnies, afin de les faire lever et de les cuire à la maison (en bonnes épicuriennes que nous sommes, aucune de nous ne pouvait supporter l'idée qu'elles allaient finir à la poubelle). Le chef nous a donc volontiers préparé en plus une boîte avec 3 pièces supplémentaires. Trop sympa. Et pour finir, nous recevons notre petit diplôme, nominatif, s'il vous plait, pour avoir réalisé avec succès ce menu viennoiseries. Je reviendrai donc avec plaisir d'ici environ 1 mois pour la prochaine cession, tout aussi gourmande, les macarons ! Nous redescendons de notre petit nuage pour un retour au bercail, non sans avoir croisé des clients de l'hôtel curieux et sans aucun doute envieux de nos petits trésors, dans les yeux desquels on pouvait lire "il y a une distribution gratuite ? C'est où que ça se passe ?". Mais pas de chance pour eux, je crois que chacune de nous tenait sa boîte très fermement, et gare à celui ou à celle qui se rapprocherait un peu trop ! Une bien belle expérience dans un beau cadre, je pense que dorénavant, je vais un peu plus déguster ces viennoiseries, ne serait-ce que par respect pour tout le travail que ça représente. Pensez-y la prochaine fois que vous sortirez de la boulangerie ! Je vous laisse méditer la-dessus, et sur ces bonnes paroles, je vous laisse en espérant que l'heure du petit déjeuner de demain arrive vite. Et je vous promets d'avoir une pensée pour tous ceux qui seront devant un morceau de pain ou une biscotte alors que nous... !! Allez, sans rancune ! Bisous sucrés !

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