04 janvier 2013

Soirée en ville


Jeudi 3 Janvier

Ce soir, nous sortons. Tenue correcte et bonnes chaussures demandées. Direction le centre-ville de Djibouti. Nous garons la voiture place Ménélik (sans aucun rapport avec le chanteur), et les chouffs se précipitent pour nous la garder. Le ton monte un peu entre 2 qui ont l’air de se disputer qui sera notre gardien (je ne saisis toujours pas la langue, mais au son de la voix, on comprend que ça part en cacahuètes). Raf était sur le point de descendre de la voiture, la porte était déjà entre ouverte, mais le voilà coincé par les 2 hommes pas décidés à bouger. Et là on se regarde, attendant que ça se passe.Ca y est, nous sommes libres, ils sont d’accord ! Première étape, nous allons chez Mahad, boire un jus de fruit frais. Il fait nuit noire, nous passons par les « caisses » (sorte de marché) avec des étals et des boutiques les unes à côté de autres. Quelques objets africains (statuettes, masques,…), beaucoup d’habits (t-shirts de foot contrefaits en majorité, relativement peu de tenues locales), des chaussures (euh taille Cendrillon, il n’y a rien au-dessus de 38, et sachant qu’ici avec la chaleur, on gagne en général une pointure, celles qui ont les pieds des  belles-sœurs de Cendrillon ne peuvent porter que les cartons des chaussures !!).  Peu de monde (selon les critères africains) qui se promènent encore (il est 19h30). De nombreux vendeurs ambulants nous accostent de toute part  tout le long du chemin.  Nous voici arrivés chez Mahad. Nous nous installons sur la « terrasse » située sur une sorte de trottoir surélevé. Nous sommes assis sur des tabourets, un peu trop près à mon goût de la chaussée (j’ai peur qu’en reculant le tabouret, je me retrouve sur la route quelques centimètres plus bas).C’est ici que l’on trouve les meilleurs jus de fruits de Djibouti.
Tout est frais, et préparé à la demande. Il y a une carte avec des mélanges déjà existants, mais on peut composer son jus comme on  veut. On remplit la feuille avec notre choix. Pour les garçons et moi ce sera : orange + citron + carotte. Raf lui prend : orange + citron + kiwi. Les jus sont servis dans des verres avec glaçons et paille (nous avons choisi des 50cl, c’est déjà bien suffisant pour cette fois-ci). C’est délicieux, ça se boit facilement. Celui de Raf est un peu trop acide à mon goût, mais le mien est juste bien dosé. Mais que serait une dégustation sans les vendeurs de la rue, leur blabla et leur marchandise. Le nôtre est bien corsé, Raf le connait, il revient à la charge à chaque fois que Raf vient ici, et quel que soit l’endroit où il s’assoit. Il est sympa mais un peu insistant. Au bout de 5 longues minutes, il part à la table à côté où il fait des affaires   (à l’entendre, c’est nous qui en faisons).

C’est l’heure de rejoindre le restaurant un peu plus loin. Il s’agit de la Fontaine, un restaurant local. Nous entrons dans un immeuble, il faut monter plusieurs étages. C’est en fait un immeuble d’habitations, et au dernier étage, l’appartement a été transformé en terrasse pour y installer un restaurant (c’est original). Spécialité : cuisine éthiopienne et yéménite.  Il y a du monde, le restaurant est plein, il y a une file d’attente. Nous sommes bien sur une terrasse, la ville est à nos pieds. D’un côté il y a la cuisine, où nous pouvons voir les femmes tout préparer (et chapeau à elles d’arriver à cuisiner à 5 dans un si petit espace). Chacune a un rôle bien défini : une pour s’occuper des jus de fruits, une qui cuit les galettes au four, une qui s’occupe des préparations. C’est une vraie ruche, les serveurs courent dans tous les sens. Au fond du restaurant, il y a le monsieur qui s’occupe d’un type de plat particulier, et que nous observons le temps d’avoir une table. Il prépare, fait cuire et coupe à la machette les galettes en tout petits morceaux. Et bien entendu, il y a le petit espace dévolu à la préparation du café et du chai, toujours dressé de la même façon. Nous sommes assis, Raf passe la commande, enfin si on veut, car ici, ce ne sont pas les serveurs qui notent la commande sur le carnet, mais les clients (donc réduction sur la note puisque nous faisons une partie du travail ?). Raf nous commande 3 « fatira » de poulet (le restaurant est connu pour ce plat). Et là, une longue, très longue attente commence. Je vois bien qu’il y a du monde, et que les serveurs et les cuisinières ne chôment pas, mais bon, au final, nous aurons attendu notre plat 1 heure !  Pendant ce laps de temps, il y a de quoi observer. Je découvre surprise que de nombreuses femmes djiboutiennes sortent entre elles, sans les maris (il paraît que c’est courant, les hommes ne sortent pas trop). De nombreux européens fréquentent ce restaurant (dont pas mal  de militaires, c’est leur jour de sortie, comme ils ne travaillent pas le vendredi). Et je découvre, effarée, certains français aller se servir des boissons directement dans le frigo qui est au milieu de la salle, sans même demander aux serveurs, donner de l’argent pour être servi plus vite ou encore resquiller la fille d’attente en passant sur le côté ! Mais le pompon revient  à un groupe de 3 personnes qui, après avoir « fraudé » dans la file, donné un bakchich pour avoir une table, se permet de goûter une galette dans l’assiette de clients à peine partis sous prétexte de savoir comment ça se nomme !!  Encore une fois, et sans même avoir absorbé de khat, j’hallucine tout bonnement !! Quel manque de savoir-vivre. Sans être une fan des livres de Nadine de Rotschild, je trouve qu’il y a un minimum de respect à avoir.  C’est à cause de gens comme ça que nous avons parfois mauvaise réputation ! Bref !! Le jus de fruit bu un peu plutôt commence à faire effet, et c’est en catimini que je demande à Raf s’il sait où sont les toilettes ? Et là sa réponse me crispe et jette un froid : « je t’avais dit qu’il n’y a pas de toilettes, c’est un restaurant local, ça va arriver plus d’une fois là où je vais t’emmener, il faut te retenir ». Et moi « mais les gens qui travaillent ici, et les clients ? En France,  tout endroit qui reçoit une clientèle doit avoir des toilettes ». Et lui « nous ne sommes pas en France, tu n’as toujours pas compris ? Les gens font dans la rue, tu verras ça souvent ». Aïe ! D’un coup je suis muette comme une carpe  (et vous me connaissez, il en faut pour me faire taire) et prise (intérieurement pour l’instant) de panique !!  Se retenir, oui, mais un temps seulement. Au bout d’un moment, ça ne va plus être possible ! On dit bien que les filles sont des « pisseuses », ce n’est pas pour rien ! Je tourne la tête partout, pas de petit écriteau (en même temps, je ne sais pas pourquoi  j’en cherche, je ne m’attendais pas à en voir un). Je remarque un petit renfoncement dans un coin du restaurant. Je vais voir, au pire c’est une réserve. Eh non, ce sont les toilettes. Enfin, c’est un bien grand mot, mais peu importe, je suis sauvée !! C’était vite dit ! Un premier coin avec une sorte de lavabo, mais tout de même du gel pour se laver les mains, puis le coin urinoir (je devrais dire le recoin, il ne fallait pas être épais pour y tenir de face, je ne sais pas comment font les baraqués pour y faire de profil) et enfin le coin pour les dames, avec porte rouge rouille. Toilettes à la turque, bon je m’y attendais (merci Raf de m’avoir dit de mettre des chaussures fermées), mais pas de papier toilette, et pas de chasse d’eau. Celle-ci est remplacée par un seau et un petit gobelet. Il faut donc aller chercher le gobelet dans le seau, remplir d’eau, et verser dans les toilettes. A la bonne franquette ! Nos assiettes arrivent (enfin) et elles sont bien garnies. Comme Raf nous résume bien, ça fait entrée, plat et dessert.  Nous avons le poulet coupé très petit, salade,  oignons, tomates, galette, bananes, sauce blanche (très douce un peu genre celle du kébab), sauce rouge (plus pimentée), et quelques frites. Le mélange avec les bananes peut paraître détonant, mais non, bien au contraire, ça se marie très bien. C’est délicieux ! Au final, nous avons mangé à 4 ces 3 assiettes + 1 grande bouteille d’eau  pour 2300 FDJ, soit à peine 10€. Que demander de plus, à ce prix là, il serait malvenu de râler pour l’attente ! !



Nous redescendons, les rues sont bien plus animées, ça klaxonne à tout va, les policiers jouent du sifflet, ça discute, ça fait des affaires, ça mange,… En 2 mots, ça revit ! Le contraste est saisissant avec quelques heures plus tôt. Direction le fameux glacier  de Djibouti que Raf m’avait fait connaître quelques semaines plus tôt, pour notre petit dessert.  Il est 22 heures passées, mais il est encore ouvert.  Un petit groupe de 4 Japonais commande, la jeune femme tombe en admiration devant Gabriel qu’elle trouve « handsome » (mignon) et nous échangeons quelques mots en anglais sous les yeux interrogateurs de Raf qui ne capte pas grand-chose. Nous prenons un cornet avec une boule de glace parfum nutella pour chacun des garçons, Raf prend 2 boules dans un petit pot, saveur 
« biscotto » (biscotte, comme il m’a dit la première fois. LOL !!), et moi  je prends café et menthe. Un délice.  Voilà une soirée qui se termine bien, tout en gourmandise.





2 commentaires:

  1. J'espère qu'il y a des stages de cuisine éthiopienne et yéménite, que tu vas t'y inscrire et reproduire cela lors de notre prochaine rencontre ! Tes explications et photos donnent vraiment envie...
    Séverine

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  2. coucou Séverine,
    je pense que le club auquel je suis inscrite fait ce genre de stage, pour l'instant, les prochains sont baklava, samossas, couscous. J'ai encore le temps de voir.
    Bisous.

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