14 mai 2013

Escale sur l'île de Musha

Jeudi 9 Mai

Nous posons le pied sur l'île de Musha

Nouvelle sortie en mer pour passer la journée sur l'île de Musha. Cette île est voisine de Maskali, dans le golfe de Tadjourah (voilà pour les 10 secondes culturelles).  Avec Gilou, Bruno et deux autres collègues, nous avons loué un bateau pour nous y rendre. Départ de la pêcherie, le chouff monte sur le marchepied de la voiture et se tient en passant le bras par la fenêtre (fais comme si de rien n'était chéri, on est suivi !) pour nous conduire à notre emplacement de "parking", entre bateaux, filets de pêche et les gars qui dorment sur des cartons à même le sol que nous faisons attention de ne pas réveiller, mais surtout de ne pas piétiner en sortant de la voiture. Nous sommes les premiers, nous attendons sur le quai, chargés comme des ânes, comme d'habitude ! Nous amenons notre repas et nos boissons, et comme il fait très chaud, il faut prévoir pour éviter de se retrouver à cours d'eau (paradoxal puisque nous nous rendons sur une île ! Mais à cet endroit en particulier, l'eau y est très salée et quand elle est bue, ce n'est jamais de son plein gré) car il n'y a rien là où nous allons, que du sable, du soleil, l'océan, les oiseaux ! Tout le monde arrive, à part les deux petites filles d'un des collègues, je suis la seule représentante féminine ! Ah là je ne crains rien, tous ces hommes pour veiller sur moi ! Que du bonheur, lol !! Le bateau que nous devons prendre est déjà là (la coquille de noix habituelle), à côté d'un autre bateau à quai. Et là, je me dis qu'ils ne vont quand même pas nous faire traverser le premier bateau pour rejoindre notre embarcation, avec la glacière, ça risque d'être fun (et je n'ai pas mon matériel de varap !). Au final, le bateau se déplace vers un emplacement vide plus loin, il faudra quand même descendre du quai pour monter dessus sans escaliers, sans échelles, et surtout... en tongs ! Bon ben au pire, sac sur le dos, un gosse dans chaque main et les tongs entre les dents, y'à que ça à faire ! Mais comme (presque) rien ne se déroule jamais comme prévu ici, à la dernière minute, nous avons un autre bateau. La problématique de l'embarquement est la même, mais surprise supplémentaire, les bancs ne sont pas sur les côtés du bateau, mais dans le sens de la largeur, sur trois rangées. Et là, vous vous dîtes "mais où voit-elle un blème ?!". Je vous rappelle que nous avons à faire à des bateaux djiboutiens, pas français ! Je suis donc en train de me demander comment je vais me caler et à quoi je vais pouvoir me tenir ! Voilà ce qui cloche ! Je suis sur le premier banc avec les garçons, je me mets au milieu, et eux sont de chaque côté de moi. Ils peuvent se tenir à la barre du filet anti-chaleur, mais moi, je n'ai rien pour me caler en cas de mer un peu agitée ! Pas de dossier aux bancs, rien à mes pieds que le fond du bâteau (et ses lattes un peu écaillées que je vais m'efforcer de ne pas trop regarder pour ne pas les abîmer davantage) et l'ancre rouillée un peu plus loin. Bon alors je vous l'accorde, il faut déjà que la mer soit bien agitée pour arriver à me faire sauter de mon siège, mais bon, quand même ! J'étends mes pieds devant moi en les écartant un peu (bien m'en a pris de ne pas mettre ma robe de plage au final) pour avoir un minimum de stabilité et je serre les petits par la taille. Heureusement, nous avons une mer d'huile, ça devrait aller. Et de temps à autre, je passe les bras à l'arrière pour prendre appui sur les genoux de Raf (oui oui, c'était bien ses genoux, ne vous en faîtes pas), histoire de changer un peu de position ( les petits ont râlé que je serrais trop fort) et de soulager mon corps crispé (position inconfortable + nervosité). A peine sortis du port, nous croisons le "Lily", un grand cargo du Cambodge dont les marins me font coucou, quel succès j'ai (en même temps, la seule fille sur le bâteau, ils avaient pas le choix, il fallait s'en contenter !). La traversée se passe bien, quelques vagues qui nous amusent avec les enfants, on saute un peu du banc de temps en temps, mais rien qui ne me fasse passer par dessus bord pour servir de banquet aux poissons !

Plage blanche à perte de vue



Petit passage devant la résidence du président (pas le nôtre actuel, ni celui d'avant, mais celui d'ici), et nous arrivons. L'océan que nous avons vu émeraude, devient turquoise et transparent à mesure que nous approchons de la plage, qui elle est quasi blanche. Toutes ces couleurs sont magnifiques, on voit bien les dégradés de la mer, une vraie carte postale (y'en a qui vont être jaloux, lol !!). Tout est calme, nous sommes les premiers sur les lieux. Il y a juste un gardien qui s'occupe des farés, le bungalow sur la plage est abandonné (dommage), juste occupé par les corbeaux (eh oui, encore et toujours eux, ils sont comme les touristes de certaines nationalités, où que tu ailles dans le monde, ils sont là !) qui sont assis les uns à côté des autres sur la balustrade à nous regarder débarquer (en échafaudant déjà dans leurs crânes de piafs des plans pour nous piquer notre repas et faire un festin en se moquant de nous). On débarque toutes les affaires et on s'installe, notre faré a une corde sur laquelle nous faisons sécher les vêtements mouillés (eh oui, Isa a gardé son short en descendant du bateau), ça c'est une bonne idée !

Vue sur le faré
Mes hommes se jettent à l'eau, moi comme d'hab je commence par ranger un peu et remettre tout en ordre. Il n'est même pas 9h, la température monte déjà bien, cette baignade est la bienvenue. Raf part pour faire du PMT, et moi je reste avec les autres, Geoffrey joue au cheval sur le dos de Bruno, et moi, pour ne pas changer, j'ai mon Gab collé à moi comme un chewing-gum dans des longs cheveux de fille ! Moi qui croyais qu'il voudrait aussi faire le cheval sur le dos de Bruno (ce qui m'aurait permis de souffler un peu), c'est raté ! Il s'accroche à moi, "euh, tu vas passer toute la journée comme ça ?" me demandent les collègues de Raf ! Ben il semblerait que oui ! Même pas le temps de me demander comment faire pour que ma ventouse lâche prise, je vois Bruno piquer un sprint en direction de la table où il a imprudemment laissé d'appétissants petits pains qui devaient servir à notre pause petit déj du milieu de matinée ! "Fatal Error", comme dirait mon ordi bien aimé ! Le corbeau s'envole avec un croissant dans le bec ! "Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait dans son bec un formage". Ca vous rappelle quelque chose ? Et bien cher Monsieur La Fontaine, sachez que le nôtre n'a pas laissé tomber son butin malgré notre langage (bon d'accord, il n'a pas été châtié notre langage, on ne l'a pas flatté, mais insulté). Corbeau : 1. Nous : 0 ! La leçon sera bien apprise, croyez-moi ! J'espère que maître corbeau aura du cholestérol, ça ne serait que justice ! Toute la matinée, on fait des allers-retours entre le faré et l'océan, la journée est chaude et ensoleillée. Le bateau que nous aurions dû prendre au départ est arrivé avec d'autres touristes (dont Eliane et Daniel, les amis de Sacha et Aimé), bientôt rejoint par un bateau privé et la famille d'une copine de classe de Geoffrey. C'est les corbeaux qui vont être contents. Tu t'éloignes de quelques pas, les voilà sur la table à la recherche de la moindre miette. Ils sont "fresch" comme on dirait chez moi en Alsace ! Petites photos pour les copains de classe des enfants et mes copines "danseuses" (va falloir assurer  dans le night-Club Lagouarde pour avoir une barre au milieu d'un décor pareil, lol !!), flânerie le long de la plage pour ramasser quelques coquillages et observer les bernard-l'ermite (ces crustacés très timides qui se figent quand tu les observes) et les petits cônes de sable avec un trou à côté qui sont sur la plage, et qui seraient l'oeuvre de certains crabes d'après ce qu'on m'a dit.

Seuls au monde
Petit apéritif sympa, Bruno a acheté des petites pizzas et des samosas, les autres ont ramené des biscuits apéritifs (qui feront le bonheur de nos amis corbeaux à notre départ). Petite pensée à nos collègues, amis et familles, nous trinquons à votre santé. Le faré d'à côté se régale de saucisses et viandes cuites au barbecue, chez nous c'est plutôt la "sandwicherie" (en même temps, il faut être fou pour allumer le barbecue, on cuit déjà assez comme ça). Après le repas, les hommes ont un moment "off", c'est la sieste la tête sur la table, ou pour les plus chanceux, allongés sur une natte de plage (n'est-ce pas Bruno ?!). Dans l'après-midi, je pars faire une mini-promenade PMT avec Raf, je suis toujours aussi à l'aise à l'idée de devoir respirer uniquement par la bouche avec ce gros morceau de plastique au goût pas glop dans la bouche, et avec ce masque qui laisse toujours passer un peu d'eau et que je n'arrive jamais à placer correctement ! Il se coince dans le bush qui me sert de cheveux, la lanière est soit placée trop haut, ou trop bas et me coince l'oreille. En un mot, heureusement que le ridicule ne tue pas, sans quoi je serais foudroyée sur place ! J'emporte la "frite" qui me rassure et je me laisse conduire par la main (que j'ai beaucoup serrée, désolée Raf). Les fonds sont assez pauvres, pas de coraux multicolores, que des touffes d'algues. Par contre, j'ai pu voir divers sortes de poissons : ange-géographe, porc-épic à tâches auréolées, sergent-major (eh oui, même dans les fonds marins il y a une hiérarchie) et Demoiselle-Bonbon (rayé blanc et noir réglisse). Il y a même certains poissons qui ont comme un "oeil" sur le corps, ce qui est un moyen de défense, car le prédateur ne sait pas s'il attaque du bon côté ! Raf a également eu la chance de voir une tortue (qui a filé comme un bolide quand il a voulu la suivre, comme quoi dans l'eau elle n'est ni pataude ni lente) et une raie pastenague, dont moi je n'ai vu que la queue, elle était cachée sous les algues, et au final heureusement, quand Raf m'a montré sa photo sur internet, j'ai eu des frissons, elle est constellée de tâches bleues, comme si des enfants de maternelle lui avaient peint des tâches de gouache sur le corps avec leurs doigts. Brr, pas belle la bête ! La nature a parfois un curieux sens de l'humour !! Je vous laisse le soin de consulter internet pour découvrir les poissons dont je vous parle, soyez curieux, ça vaut le détour !

Baignade toute l'après-midi, il n'y a que dans l'eau où on se sent bien. La marée remonte, de petites vagues se forment ce qui donne lieu à de petits jeux au bord de la plage. Gabriel saute dans les vagues et son père le fait hurler de rire en tombant à la renverse chaque fois qu'une vague arrive. Ou alors il nous fait une petite course de la plage vers l'océan, version David Hasselhoff dans Alerte à Malibu (dans les jeunes années, quand il était encore au top de sa forme), c'est beau, on voit la scène comme un ralenti de film, sauf que ça finit en petite foulée à la Mr Bean ! Ce qu'il ne faut pas faire pour amuser la galerie tout de même !!

Couleur menthe à l'eau
La journée touche à sa fin, il faut songer à rentrer avant la nuit. On reprend les affaires et c'est l'épreuve de l'embarquement à bord (faites pas les malins, imaginez à marée haute, avec un bateau qui part de gauche à droite et d'avant en arrière). Plutôt que de passer la jambe par-dessus bord (et de risquer de me faire un claquage musculaire, car je ne suis pas échauffée... et trop vielle pour ce genre d'acrobatie), j'opte pour une méthode plus en adéquation avec ma forme physique et mon âge (oui maman, je sais ce que tu penses, qu'est-ce que tu devrais dire à ma place ? Ben justement, je ne te voyais pas trop à ma place, je connais ton "amour" pour les bateau, lol !!) et surtout, plus digne (enfin ça, c'est que je croyais). Assise sur le rebord du bateau, et dos à celui-ci, en théorie rien de plus simple que de pivoter pour y monter avec grâce et élégance ! Oui, sauf que ça ne se passe comme ça que dans les films et les romans à l'eau de rose, dans la vie réelle, c'est plus compliqué car le fond du bateau et les bancs sont mouillés ! Ca y est, vous y êtes, vous visualisez ?! Ce qui devait arriver arriva, Isa se vautre lamentablement, les fesses victimes de l'attraction terrestre qui les entraîne vers le fond du bateau et les pieds par dessus la rambarde !! Il parait que le conducteur a eu un bon fou-rire. The honte est de retour ! Traversée sans encombres, je suis à nouveau au milieu sur le banc, mais plus devant, je me tiens à la corde du gilet de sauvetage de Raf qui est devant moi (et qui se demande qui est cette folle qui essaye de l'étrangler ?!). Et comme à chaque fois, une fois à la maison, on passe les troupes en revue et on évalue les dégâts avant le passage à la douche. Dans l'ensemble ça va, comme nous n'avons pas quittés nos casquettes, lunettes de soleil et t-shirt, pas de gros bobos à déplorer. Tout juste un gros bleu sur le bras pour moi (Gaby le scratch), plus les belles traces du t-shirt à mi-bras (qui font que je suis bicolore vanille-fraise. c'est élégant quand tu sais qu'on ne porte que des vêtements à bretelles ou sans manches), et une belle récolte de sel pour Raf qui, même après la douche a des cristaux de belles tailles sur le corps. Encore une belle journée sur une île paradisiaque. "Il y a le ciel, le soleil et la mer" !

Mes pensées vont vers vous !

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