04 février 2013

3 jours dans mon quotidien

Lundi 28 Janvier

Mon fait d'armes le plus remarquable de cette journée :  faire les courses. Ce qui est bien ici quand on fait les courses, c'est que la caissière passe les articles à  une vitesse proportionnelle à la chaleur, qu'en bout de tapis un gentil monsieur vous emballe vos courses en faisant bien attention de faire des tas distincts entre produits alimentaires et non alimentaires, et qu'à la sortie, ce même gentil monsieur vous pousse votre caddie jusqu'à la voiture, y range vos courses, et repart ranger le caddie. A mon regard étonné mais néanmoins très reconnaissant, il m'explique que ça fait partie du service clientèle, quand on n'achète beaucoup, il est normal d'avoir ces petits plus ! Je sais ça vous laisse rêveur, en France que tu achètes un caddie plein à ras-bord ou juste un article c'est pareil ! Tu te débrouilles (pour ne pas dire plus) et pour peu que tu ais le caddie qui part de travers à cause de la feuille de salade coincée dans la roue, ça devient vite un enfer (cf : l'excellent sketch de Roland Magdane sur les courses au supermarché, je vous le conseille si vous ne connaissez pas, c'est du vécu comme on dit). Bref, je pense que le retour à la réalité (en tous cas dans ce cas particulier) va être rude ! Il va falloir se réhabituer à la cadence infernale des hôtesses de caisse qui nous donne le vertige (je sais ça n'est pas de leur faute, rentabilité oblige, à elles aussi je fais un clin d'oeil et je tire mon chapeau, elles n'ont pas un job facile et doivent sûrement se coltiner des clients pas sympas et des réflexions désobligeantes), à devoir emballer dans les poches qu'on a ramené nous-mêmes et sans avoir le temps de trier (écologie oblige ! Ca c'est bien, car ici, tout dans les sachets plastiques, il y en a partout, on est submergé. L'écologie n'est pas une de leur préoccupation majeure pour le moment)  et à gérer la solitude face à son coffre, non il n'y a pas de gentil monsieur qui va venir nous aider à tout ranger dans le coffre, ou si ça nous arrive, c'est que le "gentil" monsieur ne l'est peut-être pas, et qu'il va nous piquer notre paquet de céréales  riches en fibres pour améliorer le transit ou qu'il a une idée derrière la tête et veut nous filer un rencard ! Pour le retour par contre, c'est pareil qu'en France, chacun fait sa mule et souffre pour monter les étages plusieurs fois et tout ranger. Et comme mon côté Pierrette Richarde ascendant Gastonette  Lagaffette n'est jamais loin,  en reposant un peu trop brutalement sur le sol la bouteille de rhum que j'avais acheté, je crée une explosion et le précieux liquide se répand dans le hall de l'immeuble. A retenir : bouteille de rhum + sol en béton = kolossale katastrophe ! Je nettoie comme je peux et je laisse la porte ouverte pour éviter d'être saoule rien qu'en respirant, et je tente de sauver ce qui peut l'être par des jeux de manipulations entre sachets, passoires et entonnoirs. Pff !


Mardi
A peine réveillée, ma crinière telle un chou-fleur explosé sur la tête et ma très glamour chemise de nuit avec des petits chats rieurs genre "j'ai 12 ans", on sonne à la porte, il est 6h45 ! Tiens, Raf a oublié quelque chose (à cette heure-ci ça ne peut pas être Brad Pitt !) ? J'ouvre quand même avec précaution, ne laissant dépasser que ma tête de l'encadrement de la porte (ce qui doit déjà bien être suffisamment traumatisant pour mon visiteur), on ne sait jamais. C'est la femme de ménage-nounou de ma voisine qui m'explique un truc genre "Enzo se lève pas, Aurélie à l'hôpital, aller à l’école, pas s'habiller,..tu peux venir ?" (rude avant un bon café, ce langage est trop élaboré pour moi à cette heure-ci). Je lui demande 2 minutes, je referme la porte et je pars m'habiller et me coiffer, je ne veux pas que le petit bouchon se voit obliger de suivre une thérapie sans fin plus tard car une folle l'a traumatisé un beau matin pendant sa petite enfance ! Donc pour remettre les pièces du puzzle en ordre, la femme de ménage-nounou m'a demandé de venir car elle n'arrivait pas à lever le petit Enzo et à l'habiller pour aller à l'école. Sa maman était à l'hôpital avec son petit frère et son papa déjà parti au travail. Du coup, j'y vais très doucement, je lui parle, et au bout de 2 minutes, problème réglé, il se lève sans rechigner (une chance, ce petit garçon ne me connait que très peu, il aurait pu hurler, et pour l'avoir déjà entendu plus d'une fois, je peux vous dire qu'il a de la voix !). La nounou me remercie, et je repars finir de me réveiller ! Les Djiboutiennes sont adorables avec les enfants, mais justement un peu trop, elles ne veulent en aucun cas les contrarier, font toutes leurs volontés, ne haussent jamais la voix ni ne les gronde ! Les enfants sont très appréciés ici, le revers c'est que ce  sont des "enfants-rois" avec tout ce que ça implique ! Je l'ai revu plus tard et elle m'a encore remercié. Là j'ai fait ma "Super Nanny" en lui expliquant que par moment, il fallait être un peu sévère et mettre des limites, sinon elle allait être menée par le bout du nez ! Mais bon, j'ai bien vu les autres nounous, elles font pareil ! Je vais donc enrichir mon C.V avec cette nouvelle casquette, "conseillère pédagogique petite enfance" !  Je vous jure, j'aurai tout fait !


Plus tard dans la journée, je fais la connaissance (par photo interposée) de la petite Zara, une boule de poils de quelques mois, devenue la mascotte de l'escadrille des SPA 69. Vous l'aurez compris, Zara est une petite chatte, avec des yeux en amandes et de longues oreilles pointues, à la manière des chats Egyptiens ! Et là j'ai remercié le ciel que Raf soit dans l'escadrille des chats et non pas celle des serpents, car oui, vous avez deviné, leur mascotte à eux est un serpent ! Qui répond au doux prénom de Solenne. Un si joli prénom pour une si affreuse bête, et d'abord, comment vous êtes sûre que c'est une fille ? Eh bien disons que la question ne s'est pas posée, non pas parce qu'il n'y  avait pas de volontaire pour aller vérifier si Solenne était finalement une femelle ou un mâle, mais tout simplement parce que l'escadron de chasse 03-011 est celui de Corse, et que la base aérienne de Corse se nomme Solenzara (je ne décortique pas, je pense que tout le monde aura saisi) ! Waouw, les méninges ont tourné à plein régime, ça me rappelle l'épisode fameux où tous les gugusses des instances footbalistiques se sont creusés la tête pour au final nous pondre le banal "Stade de France" (je sais, je ne vais pas me faire des copains sur ce coup-là, mais avouez qu'il y a quand même de quoi rire ! Il parait qu'en France on n'a pas de pétrole mais on a des idées dit l'adage ! Ouais, je crois qu'on n'avait à ce moment-là, ni l'un ni l'autre ! ). Cette petite Zara est très mignonne, et a tout de suite reconnu en Raf un autre félin, se lovant sur ses cuisses pour s'endormir (trop jalouse je suis !).


Mercredi
C'est la journée des bobos. Je crois que les filles de Castelnau m'envoient un peu des leurs, les pauvres rament entre gastro, bronchite, rhino, scarlatine, varicelle (j'aurais dû mettre tout ça au pluriel car elles n'en sortent plus, tous les jours c'est une autre avec un autre enfant et une autre maladie. C'est ça les filles, je n'ai rien oublié ?). Du coup je leur ai proposé de louer un charter pour venir en groupe se faire désenvoûter par un marabout local ! De mon côté, un Gabriel fiévreux (alors que déjà en temps normal c'est du genre bouillotte, là c'est carrément geyser !) et un Geoffrey un peu "j'me sens pas bien" (mais uniquement une fois qu'il avait fini de jouer à la Wii, pas avant). Hésitation pour notre sortie cinéma que je maintiens malgré tout ! Et là, au beau milieu du film, j’ai juste le temps de tendre un sachet à Geoffrey qui vomit tout ce qu’il peut. Bon !! Heureusement que nous sommes dans le noir, tout le monde n’a pas eu à profiter du spectacle ! J’ai l’air maligne avec mon sachet plein, je le ferme et le planque sous le banc le temps de trouver la solution ! Au passage, je note que les sachets plastiques du magasin Al-Gamil ont aussi passé le test de résistance au vomi ! Approuvé par moi et élu produit de l’année !! La voisine, pas rancunière,  me propose son sachet plastique au cas où (la pauvre, on a dû bien lui pourrir sa soirée). Tout de suite après, Geoffrey va mieux et les éclats de rire fusent. Quant à moi, il me reste le problème de mon sachet de déchets toxiques à régler.  Direction la poubelle (je m’excuse par avance pour les employés chargés du ramassage !). Depuis, tout est rentré dans l’ordre ! Les garçons sont à nouveau en forme.

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