27 février 2013

Visite des Jardins d'Ambouli

Dimanche 24 Février

Dans l'oued

Cet après-midi, sortie avec mon club pour aller dénicher un peu de verdure au milieu de tout ce sable. R.V. devant un restaurant, nous partirons avec nos voitures personnelles en file indienne. Comme dans tout groupe, il y a des retardataires qui nous obligent à cuire sur place tels des poulets à la broche (la peau commence à griller sous la couche de crème solaire), car oui, il fait très chaud en ce début d'après-midi, nous avons bien choisi notre jour. On se serre les uns contre les autres (comme s'il ne faisait pas encore assez chaud) pour partager le peu d'ombre qu'il y a. Patricia, la responsable des visites, est obligée de leur téléphoner à deux reprises. Comme disait Séverine (la responsable des animations enfants), avant même leur arrivée, ils ont déjà un tas d'amis !! C'est une gentille petite famille qui arrive, et à qui il faut trouver des places dans les voitures, car elle a une berline, ce qui, vous le verrez par la suite, est IMPOSSIBLE pour l'excursion que nous allons faire ! Le départ est donné, jolie file de voitures avec les warnings pour ne pas se perdre de vue (nous sommes une trentaine de personnes, presque 10 véhicules). Nous allons dans le quartier d'Ambouli, à environ 4km au sud  du centre ville de Djibouti. Nous quittons la route goudronnée pour un passage de sable, de trous et de cailloux (et la on remercie l'inventeur des 4X4), ça secoue dans tous les sens, j'essaye de rouler lentement pour ne pas donner le mal de mer à mes équipiers (Patrick, Geneviève et Sylvie) ni des ecchymoses (qui les empêcheraient de s'asseoir sans coussins pendant plusieurs jours). Nous nous garons comme nous pouvons pour débuter notre visite dans l'oued d'Ambouli. Patrick n°2 (également un responsable des visites au sein du club) nous fait les commentaires, accompagné de Rédoine (un habitant du quartier qui travaille aussi dans les jardins). Nous marchons dans l'oued, nous sommes vraiment dans le lit du fleuve (Oued est un mot arabe qui veut dire fleuve, vallée, petite note culturelle). Tout est aride, peu de végétation, toujours du sable, des cailloux et de la poussière. Et des détritus en tous genre, une vraie décharge à ciel ouvert. En face de nous, une digue de pierres, censée protéger la population lorsque l'oued de gonfle d'eau à la suite d'averses. Patrick nous explique qu'en 2004, les eaux sont montées à 7m de hauteur à cet endroit, et que les digues, pas assez hautes, n'ont pu sauver la vie de plusieurs milliers de personnes. Les eaux charrient terre et sable, et toutes les saletés accumulées (chaussures, piles, bouteilles plastiques, sachets,....), ce qui explique en partie pourquoi certains arbres sont ornés de poches plastiques (non décrochées depuis). Et au milieu, des gens y vivent, les femmes lavent leur linge, les enfants jouent, les biquettes mangent ce qu'elles trouvent (le peu de végétation et surtout des sachets), les vendeurs passent avec leurs ânes. Rédoine et Patrick nous montrent des puits, tout au long de l'oued, car le fleuve passe en dessous et ne remonte à la surface qu'après de grosses pluies.  C'est leur présence qui a créé cet espace vert que sont les jardins d'Ambouli, sorte de zone maraîchère divisée en petits jardins où l'on trouve fruits, légumes et fleurs. C'est la communauté Yéménite qui a apporté son savoir-faire agricole au début des années 1900, les Djiboutiens ne savent pas travailler la terre. Les jardins que nous allons voir sont encore exploités et vendent leur production, mais de manière confidentielle, ils ne font pas le poids face à l'Ethiopie voisine qui  vend à Djibouti ses fruits et légumes.


Nous quittons donc l'oued par un côté et poussons la petite porte d'un de ces jardins, et là, presque un autre monde, où domine le vert. Jamais on ne pourrait imaginer un tel changement de paysage, juste derrière une porte. Des palmiers, des plantes, des arbres, certains fruitiers, des fleurs, des légumes, c'est presque le jardin d'Eden. Nous sommes sous le charme. Le jardin a été divisé en parcelles, nous apprécions les senteurs et l'ombre. Rédoine nous autorise à prélever par ci par là pour goûter, sentir. Peu de légumes et de fruits sont encore à maturité, ça ne nous empêche pas d'apprécier. Quel bonheur de voir tomates, tomates cerises, persil plat et frisé (et magnifique en plus), salades (qui sont belles par rapport à ce que je vois d'habitude, abîmées et brûlées), radis blancs,.... et plus exotique comme gombos et grenades. On nous explique le système d'irrigation, qui part du puit dans l'oued et qui, par un système de canaux souterrains, arrive dans une grande fontaine dans le jardin et s'écoule pour arroser toutes les parcelles. D'habitude, cette opération est réalisée le matin afin de conserver le plus d'eau possible, ensuite il fait trop chaud et l'eau s'évapore trop vite. Exceptionnellement pour nous, la manip est faite maintenant, afin de nous expliquer le système et nous montrer ce que ça donne. C'est très sommaire comme méthode, mais efficace au vu du résultat.

 Chacun de nous a un petit brin d'herbe que nous triturons dans tous les sens pour en extraire la senteur (nous voilà tous avec notre petite touffe d'herbe sous le nez, à la humer comme des  drogués tellement la chlorophylle nous manque), ou que nous mâchouillons (certaines dames du groupe l'ayant regretté par la suite face à des plantes amères, ou piquantes, mais pour le bonheur zygomatique des autres. Eh oui, il faut bien que certains se dévouent, c'est comme ça qu'on fait de grandes découvertes). Nous profitons à fond de cette jolie escapade, et moi je pense à Dominique dans ces jolis jardins, je prends des tas de photos, et j'admire les bougainvilliers rouges, oranges et blancs (ont dirait de gros flocons de neige, clin d'oeil à la métropole sous son manteau blanc). Quelques minutes magiques. Nous avons la possibilité d'acheter fruits et légumes, ce que beaucoup d'entre nous font, l'argent revenant directement aux maraîchers, sans intermédiaire. A la suite de ça, nous avons visité l'endroit (car je ne peux pas utiliser le mot de magasin) où la ville, les hôtels,... achètent leur plantes et leurs graines pour agrémenter leurs parcs et jardins. Il y a plusieurs sortes de palmiers j'ai bien aimé celui de Californie, auquel il pousse des "poils" (très fun), des arbustes, des plantes décoratives d'appartement,... Il est également possible d'en acheter sur place, les prix sont attractifs. Il est juste dommage de ne pas pouvoir les ramener en France par la suite. Encore une fois, grande pensée pour Dominique qui n'aurait pas su où regarder, courant d'une plante à une autre !  

Bougainvillier blanc, très rare
Nous reprenons les voitures, et c'est le Paris-Dakar, chemin plus qu'étroit, il est déconseillé de laisser dépasser les bras des fenêtres sous peine de se voir fouetter par les épineux tellement nous sommes près, poussière telle que tu ne vois pas à 1 mètre devant toi, toujours sable, cailloux et trous partout, et des gens qui traversent la piste n'importe quand en surgissant d'un buisson. Ils n'ont jamais dû voir passer tant de véhicules à la fois, ils nous regardent étonnés, et nous disent bonjour (ça va faire la une des conteurs le soir autour du feu, version Kirikou). Deuxième étape, Patrick nous amène dans une petite ferme pour découvrir les vaches de Djibouti. Alors je ne suis pas une spécialiste du monde agricole (ayant un jour confondu une vache et un cheval, pour ma défense, de loin et à l'allure d'une voiture sur autoroute) et encore moins des vaches, mais celles que je vois me sont étrangement familières. Je m'attendais à voir des vaches avec de grandes cornes recourbées, brunes et maigrichonnes (comme je voyais habituellement), et je trouve de belles vaches bien en chair, très propres et le plus beau de tout, blanches à tâches noires. Ca ne vous rapelle rien ? Mais oui, nos belles vaches normandes.  C'est bien le dernier endroit où je pensais en trouver (tu vois Soso, on peut être native de Normandie et arriver jusqu'ici. Le "Made in Normandie" est une valeure sûre).
Marguerite et la Noiraude prennent la pose

Certaines sont un peu mal à l'aise de voir tout ce monde qui perturbe leur petite vie tranquille, d'autres n'hésitent pas à monter sur les mangeoires pour poser et se faire prendre en photo (c'est que la Normande est coquette, oui madame). Il y a aussi des veaux, et tout se petit monde fait notre bonheur, nous pouvons entrer dans l'enclos, au milieu du troupeau. Les enfants apprécient et distribuent les caresses sur les museaux. Nous remercions les fermiers, et repartons pour la suite de notre excursion.


Le four

Avant dernier arrêt pour assister à la fabrication de casseroles en alu. Une petite cabane au milieu de rien (comme d'habitude), quelques hommes autour (2-3 qui travaillent et les autres qui regardent, comme dans certaines blagues), et pas mal d'enfants qui viennent observer les curiosités que nous représentons. Notre venue n'est pas passée inaperçue et rameute la foule. Ca doit être un événement, autant de voitures garées au même endroit et tous ces petits blancs (ou homards pour certains) "costumés" (car en shorts, baskets, avec sacs à dos et gourdes, lunettes de soleil et casquettes. Mais quel est le nom de cette secte étrange et bizarre ?). Le four est enterré, et actionné par une étrange manivelle composée d'objet de récup. Lorsqu'il est à la bonne température, les ouvriers y jettent de vieux objets en alu (rien ne se perd, tout est récupéré) pour les faire fondre. Ensuite il faut enlever les déchets qui sont en surface. Après quoi, le liquide en fusion est mis dans les moules pour former casseroles et couvercles. Un dernier ouvrier s'occupe de limer et gommer les imperfections, et voilà c'est prêt ! Et tout ça bien sûr sans gants, lunettes de protection, salopettes et chaussures de sécurité, mais le plus simplement du monde, comme leurs ancêtres avant eux. Quelques personnes du groupe en ont profité pour faire des achats et s'offrir le Made in Djibouti !

Casserole Made in Djibouti



En guise de conclusion à notre visite, nous nous rendons dans le jardin de la résidence secondaire de Monsieur Al-Gamil (des supermarchés du même nom) qui nous a prêté sa terrasse pour une dernière surprise, un petit goûter fait de café éthiopien, chaï, samosas et acras (préparés par Rédoine). Patrick souhaite faire une photo de groupe pour mettre sur le blog du club. Et qui ne sera pas dessus ? Moi ! Non pas parce que j'ai honte de ma coupe de cheveux (encore que mes 2 nattes minuscules et asymétriques sous ma casquette depuis 4 heures, vous imaginez), mais parce que comme d'habitude, la migraine est venue gâcher ma fin de journée et j'ai préféré m'isoler avec mon estomac en vrac et mes nausées. Petit arrêt naturel qui a duré plus longtemps que prévu pour cause d'enfermement dans les toilettes (je comprends les clés à l'extérieur) et de secours qui ont tardé à venir (au fait, merci jeune homme). Un grand moment de solitude pendant 5 minutes, mes pensées vont vers Fred (je comprends ce que tu as vécu maintenant). Le jardin est sympa, au bout il y a une petite fermette avec des biquettes, mais je ne peux pas en profiter, l'odeur me soulève le coeur déjà bien malmené par les nausées (et là Ben va se souvenir d'un épisode identique avec un âne cette fois dans un certain écomusée alsacien, pas vrai Ben ?). Je rejoins les autres sur la terrasse, tout le monde se régale, je fais l'impasse.  Courte accalmie, je descends les escaliers en 4ème vitesse, j'ai juste le temps d'arriver en bas. Je peux vous dire que les jardiniers ne vont rien comprendre quand, dans quelques mois, il y aura à cet endroit les plus belles fleurs du jardin (rien ne vaut l'engrais naturel). Nous admirons depuis la terrasse, le soleil qui se couche, il est l'heure de rentrer. Dernier arrêt sur le chemin de la maison pour récupérer les légumes achetés plus tôt dans l'après-midi, et dernière distribution d'engrais dans un coin entre 2 cailloux et une palissade. Arrivée à la maison, douche obligatoire (nous sommes tous recouverts d'une sorte de couche collante de sable et de poussière, on dirait un masque. Mes baskets ont oublié leur blancheur originale et mes chaussettes, roses au départ, hésitent entre gris et marron. Quant à la voiture, il faut souffler dessus pour la retrouver, on dirait une antiquité égyptienne recouverte par les sables depuis des millénaires. C'est le chouff qui va être content, là ça vaut le coup qu'elle soit lavée.), puis je me traîne jusqu'à mon lit, il me faut opacité, fraîcheur et calme. Même plus la force de faire le repas, je délègue. Alors pour ceux qui s'inquiéteraient pour moi, tout est rentré dans l'ordre après un peu de sommeil et une journée au frais à la maison, merci ! Une bien belle escapade de quelques heures !

Grenadier

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