14 février 2013

Au marché des Mouches

Mercredi 13 Février

Encore une séance de tir sous mes fenêtres ce matin, toujours en vue des portes ouvertes de jeudi et vendredi. Essais sonos (je me disais bien que "C'est un beau roman, c'est une belle histoire" de Michel Fugain, ça ne pouvait pas être la musique des chouffs), installation des tentes et du parcours pour les maîtres-chiens,... Ca se prépare ! En passant pour aller à l'école, je ramasse deux cartouches pour faire ma curieuse. Même percutées, elles restent impressionnantes. "Si vis pacem, para belum", en français dans le texte, "si tu veux la paix, prépare la guerre", locution latine bien connue (c'était le passage culturel du jour, c'est cadeau). Les ouvriers du chantier me demandent pourquoi toute cette agitation, je leur explique le pourquoi du comment. Et de but en blanc l'un des deux me dit que c'est la St Valentin demain. "Qu'est-ce que ton mari va t'offrir ?" Moi : "rien". Lui : "mais ce n'est pas possible, il a la chance de t'avoir et il t'offre rien ? (ça je savais déjà qu'il avait de la chance-lol-). Mais pourquoi tu es avec lui alors ? ". Moi : "c'est l'amour". Lui (dubitatif) : "Ah (long silence). Bon alors tu lui diras de te couvrir de baisers". Message passé au principal intéressé, affaire à suivre !

A 9h, Geneviève passe me chercher pour notre matinée aux "Mouches". Nous sommes 4 avec Estelle et Rebecca. Nous nous garons près du petit magasin de souvenirs éthiopiens de nos copines Samaa et Aïcha, puis départ à pied à travers les "Caisses" pour rejoindre les "Mouches". Je croyais avoir déjà eu mon lot de dépaysement la semaine dernière en visitant les "Caisses", mais j'étais loin du compte. Il y a les "Mouches", encore plus pittoresque ! Vous aurez bien compris je pense pourquoi ce surnom (rapport à la densité de mouches par habitant). Et encore, il y a relativement peu de stand d'alimentation. Il s'agit donc d'un marché, qui s'étale dans de nombreuses ruelles. Elles sont si étroites et les stands tellement proches les uns des autres qu'une seule personne peut passer à la fois, la visite se fait donc en file indienne. Du fait de la proximité des stands, et des tissus tendus sur nos têtes pour protéger de la chaleur, il fait sombre, il vaut mieux retirer les lunettes de soleil et regarder où on marche. Et là, c'est un autre monde, à la fois miséreux, et plein de couleurs qui vous saute à la figure. Les vendeurs sont assis sur leur stand au beau milieu de leurs marchandises, ou par terre à même le sol. En majorité, ce sont des étals de tissus, foulards, paréos, châles,.... Des femmes sont installées dehors, et cousent sur une petite table avec une chaise et une machine à coudre pour seuls outils de travail. Et les machines que j'ai vu feraient le bonheur des antiquaires (dont une Singer magnifique, toute noire avec des motifs dorés). Les filles achètent des foulards et surtout du tissu pour faire faire des habits (et là je pense à Irène, qui serait au paradis parmi tout ça). On nous interpelle de tous les côtés, traquenard à chaque stand, on s'arrête, on regarde, on touche, on négocie, ça ne marche pas, on repart, le vendeur revient nous chercher pour accepter notre prix,... C'est un jeu à chaque fois. Et au poker-menteur, les filles (qui sont là depuis un moment déjà), deviennent des expertes ! Elles n'hésitent pas à dire qu'elles ont vu le même article à un autre endroit du marché pour bien moins cher, et souvent ça marche ! C'est comme ça ici. De temps en temps, on sort des ruelles pour aller vers de vraies "boutiques" (souvent très petites) admirer les bijoux. Nous avons trouvé une boutique avec tous les bijoux "Bollywood". Sur le mur les photos de toutes les actrices de La Mecque du cinéma indien avec des parures hallucinantes, souvent de mariage. Dans les vitrines, des ensembles colliers et boucles d'oreilles, bracelets, et mêmes des diadèmes ! C'est tellement brillant que j'en ai attrapé un coup de soleil ! C'est clinquant et taille XXL, plus c'est grand et brillant, mieux c'est ! Ce sont vraiment les parures des femmes indiennes et de Dubaï (je vous assure qu'à côté de ça, une certaine affaire d'un homme politique français arborant une montre de grande valeur, c'est du pipi de chameau à côté). Il y a des cosmétiques (et le vernis magnétique très à la mode, eh oui, ici aussi) et des parfums, parfois de grandes marques (moi j'ai bien aimé le parfum pour homme "Whisky", ça annonce d'emblée la couleur) et parfois des eaux tout juste colorées. Et au milieu de ça, quelques stands avec de la vaisselle, des casseroles,... C'est comme au souk (pour ceux qui connaissent), un vrai labyrinthe, tu tournes à gauche, à droite, tu recules, tu avances, tu fais demi-tour à cause d'une ruelle inondée, d'une biquette qui barre le passage ou d'un mur de mouches attirées par de la viande qui sèche au soleil (qui fait que je vais manger de moins en moins de viande, "la vérité est ailleurs"). Bref tu es vite perdue si tu ne fais pas attention, et comme tu es une citadine pure et dure, tu es perdue sans ton GPS et la voix très énervante de la dame qui te dis "faites demi-tour dès que possible" (mais je peux pas sinon je finis déguisé en bonbon "Quality street" en tombant dans le stand des châles) ! Bref les paniers se remplissent au fur et à mesure de la matinée. Nous croisons Samaa qui nous accompagne un court instant et nous sert de guide-interprète et de négociatrice de prix. Comme pour les jeux vidéos, il y a 3 paliers à atteindre : premier palier, les prix pour les Américains (les plus élevés), deuxième palier, les prix pour les Européens et dernier palier, celui pour les locaux. Elle arrive à négocier un peu à certains stands et nous obtenons des prix attractifs pour le café éthiopien, le Chaï, les graines de cardamome. Elle a promis de nous accompagner un jour prochain pour nous montrer les meilleurs coins et faire que les prix qu'on nous demande ne soient pas estampillés "pigeons AOC" ! Nous finissons par la grande place avec les vendeurs d'habits, d'épices et de graines (garanties 100% protéines, cadeau de la maison ! ). Rebecca et Estelle passent chez leur tailleur déposer les tissus et commander leurs habits, et Geneviève et moi retournons dans le magasin de Samaa et Aïcha qui nous offrent gentiment un rafraîchissement (qui est bienvenu je ne vous le cache pas, il commençait à faire chaud ). Je n'ai pas pu faire de photos aux "Mouches", les gens n'aiment pas trop se faire prendre en photo (la règle est de toujours demander avant si on peut) car ils ont la sensation d'être comme des animaux de zoo, et quand il arrive qu'ils acceptent, c'est souvent pour mieux vous réclamer de l'argent après. Alors ça n'est pas que j'ai un oursin dans le porte-monnaie, mais je préfère dépenser l'argent d'une autre manière ! Par contre, à ma prochaine visite au magasin de souvenirs éthiopiens, je tâcherais de vous ramener quelques clichés, je pense qu'Aïcha et Samaa ne seront pas contre ! Il est grand temps de rentrer, Gabriel ne va pas tarder à sortir de l'école. Quelques "crétins de l'Oued Kalou" sur la route, expression qui a bien fait rire les filles. Vous ne connaissez pas les crétins de l'Oued Kalou ? Ce sont les cousins des crétins des Alpes, et de ceux de la Dune du Pyla ! Expression bien pratique que l'on peut transporter avec soi n'importe où, car elle s'adapte au lieu dans lequel on se trouve ! C'est un article qui se vend tout seul, pas besoin du télé achat ! Je ramène aussi un panier de café et de Chaï et toutes les odeurs de ce marché si particulier !

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