07 février 2013

Lundi, Mardi, Mercredi

Lundi 4 Février

La nouvelle du jour : coupure d'eau sur tout Djibouti. Bon ben nous faisons nos réserves d'eau, bouteilles remplies, seau aussi, les douches solaires sont déjà prêtes. Et au final, toujours de l'eau qui coule des robinets, c'est à n'y rien comprendre. En fait l'eau sera coupée pendant la nuit qui va suivre, et une partie de la journée suivante (ben oui, sinon c'est pas drôle). C'est le 2ème effet Kiss cool ! Heureusement que je commencent à les connaître les cocos ici, j'avais donc bien gardé mes réserves sous la main ! Trop forte je suis, merci Maître Yoda, je n'ai pas basculé du côté obscur de la Force !


Au programme du jour, petit déjeuner éthiopien avec mon club au restaurant Bel-Air, situé non loin de la base. Une fois tout le monde arrivé, nous sommes installées dans la cour, sous les arbres (et surveillées par les corbeaux). On nous a mis les ventilateurs, c'est bien agréable. Une grande table est dressée derrière nous, les plats y sont posés, et nous nous servirons, les boissons, elles seront apportées à table. Un grand verre de jus de fruit, puis café ou thé. Il y a des viennoiseries (croissants, escargots aux raisins et chocolatines, coupées en deux pour je ne sais quelle obscure raison) et de la baguette française, ainsi que de la pâte à tartiner, de la confiture de fraise, du beurre. Et là, vous vous dites que ça n'a rien d'un petit déjeuner éthiopien. J'y viens. Arrivent ensuite les crêpes éthiopiennes au miel (une tuerie), les oeufs, le blé, l'injura et la petite viande. C'est presque un repas de midi. Pour ma part, je reste une française pur jus et me contente de toute la partie "sucrée" du buffet, la viande en sauce dès 9h du matin, ça ne me tente pas trop. Mais pas mal de mes camarades s'y essaye. C'est toujours aussi copieux, on se lève une seconde fois par gourmandise, mais après, on ne peut plus. On en profite pour discuter, faire connaissance, ...Moi j'ai le clan des 3 Karine assis en face de moi ! Les deux responsables de cette section du club, Christine et Corinne, commencent leurs cartons, c'est le retour en France dans quelques mois. Elles sont bien contentes, la santé est mise à rude épreuve avec un tel climat, et le moral aussi. Le débat a été animé sur qui va rester 3 ans, ou 2, pourquoi, pourquoi pas,... ? Un certain nombre d'entre nous est arrivé il y a peu, du coup nous n'avons pas encore assez de recul pour prendre une telle décision de manière définitive (même si pour ma part, j'ai déjà une idée assez arrêtée). La matinée passe vite, le soleil commence à chauffer, il est temps de rentrer. Nous avons en tous cas bien profité de notre matinée rien que pour nous, entre filles.

Mon assiette gourmande

Mardi
Geneviève et moi nous sommes programmées une matinée "shopping" aux "Caisses", dans le centre typique de Djibouti. Elle m'avait parlé d'un petit magasin de souvenirs éthiopiens que je tenais à découvrir. Elle passe me prendre à 9h et nous partons. Le magasin est à moins de 10 minutes en voiture de la maison. Il est tenu par deux jeunes femmes, dont une qui s'est mariée à un militaire français il y a peu (la "french touch", c'est irrésistible), et qui va quitter Djibouti pour le suivre en France dans quelques mois. Geneviève les connaît, elles sont très gentilles et très accueillantes. Le magasin n'est pas bien grand, mais il y a le choix, on ne sait pas où regarder. Elles n'hésitent pas à me déballer la marchandise, je peux toucher, ouvrir,... Pour moi qui n'avais plus trop fait de "shopping" les derniers temps, c'est le paradis. Geneviève rit de me voir tourner, virer, virevolter, revenir sur mes pas, repartir, hésiter,... Il y a de quoi faire, habits, linge de maison, châles, peintures, gravures, objets en bois,... Je trouve mon bonheur et je remplis mon panier en un rien de temps (j'ai bien fait de l'amener avec moi). Geneviève en profite pour me montrer certaines boutiques, elle est venue acheter du tissu pour se faire des robes et faire le plein de fermetures éclair qui coûtent une fortune en France alors qu'ici, c'est 100 FDJ la fermeture, soit environ 0.50€ ! Le marchand lui présente deux bacs en plastiques pleins, et il faut fouiller, il y en a de toutes les couleurs. Elle aussi est à la fête et trouve ce qu'elle cherche. La promenade est pittoresque, tous les vendeurs nous interpellent "viens chez moi, j'ai tout ce que tu veux" (pas vrai, je suis sûre que tu n'as pas un pot de pâte à tartiner aux spéculoos), "je fais de bons prix" (ben voyons, juste parce que j'ai une bonne tête ?), "aujourd'hui je fais des prix spéciaux" (demain ce sera plus cher),... Ca n'arrête pas ! Geneviève m'indique les boutiques à éviter (dont un magasin de tissus qui a le surnom de "voleur", je n'explique pas pourquoi, c'est inutile) et me rendre attentive aux "petites ruses" dont les habitants usent et abusent pour te soutirer de l'argent : un homme te suit et t'indique le chemin où sont les boutiques, t'accompagne un peu, puis te demande de l'argent pour t'avoir servi de guide ! Quand tu te gares, tu as un chouff pour garder ta voiture, ça c'est habituel, mais il faut lui préciser de ne pas laver ta voiture, sinon il le fait et demande ensuite à être payé pour ça aussi, alors que tu n'as rien demandé ! Etc, etc,etc... Il y en a des dizaines comme ça ! Je l'invite à boire un jus de fruits frais chez Mahad, nous sommes bien, le jus est rafraîchissant et délicieux, il y a un peu de vent, nous sommes contentes de nos achats (je ne sais pas si Raf le sera autant que moi, mais bon !). A peine attablées, les vendeurs de rue affluent, on ouvre la valise et le baratin commence. Mais nous avons déjà tout (c'est la parade), les coquillages, les raquettes à moustiques, les cartes postales,.... Un dernier tour dans une autre boutique éthiopienne, je me laisse à nouveau tenter par 3 articles, bon ça va aller pour une première matinée, Raf risque de faire un malaise. Un petit moment de rigolade lorsque que nous passons devant un taxi et qu'un Djiboutien nous lance un "alors les blancs, ça va ?" et que je lui réponds dans la foulée un "oui merci, ça va, tu vois, on bronze" ! Et là grand éclat de rire du gars, j'avais l'impression d'avoir Omar Sy en face de moi ! Retour juste à temps pour chercher les enfants, elle sa fille, et moi Gabriel. Matinée très sympa, typique fille, entre shopping et papotage. J'adOOOOOre ! Je montre mes achats à Raf, surtout intéressé par le fait de savoir si j'ai négocié les prix ! Je débute à peine, j'ai du mal avec cet exercice là. Donc oui, sur un article que j'avais vu moins cher ailleurs. Je suis tiraillée entre ma vision européenne de l'argent qui fait que j'ai des scrupules à marchander car les gens doivent bien vivre ( si possible pas trop mal grâce à leur travail, tout comme nous en France) et certains articles ne sont pas chers, et le fait que c'est une coutume et qu'il ne faudrait pas les vexer ! Mais quand tu vois que pour certains, en prenant un bon nombre d'articles tu leur payes presque un an de salaire, ça donne à réfléchir (et le vendeur est heureux quand tu reviens, tu m'étonnes !). Trouver le juste milieu, ne pas se faire avoir, mais être correcte avec eux, c'est le challenge ! En tous cas, une petite visite aux "Caisses", c'est dépaysant, c'est l'Afrique "cliché" et pourtant véritable, de petites échoppes où règne un bazar pas possible, des objets hétéroclites et dont il faudrait vérifier la datation au carbone 14 tant ce sont des objets d'un autre âge (qui pourraient figurer sur Facebook dans la rubrique que vous devez vous aussi recevoir de temps en temps "as-tu connu ça ?"), du bruit, de la poussière, des vendeurs qui n'hésitent pas à t'aborder dans la rue, des enseignes décolorées, ... c'est assez difficile à expliquer, il faut le voir et le ressentir, le rendu par écrit est quasi impossible. Je me suis acheté un châle bleu nuit, et en le dépliant, tout était là, dans cette odeur particulière qu'il avait, l'odeur de l'Afrique. C'est assez troublant ! Du coup, je suis en train de me dire que je vais sûrement avoir aussi une autre odeur en rentrant ! Une autre couleur aussi j'espère, ça commence à venir, les bras sont pas mal, et même les demi-jambes (je me fais l'impression d'être une esthéticienne là) commencent à se colorer très légèrement. Yeah !


Mercredi
Jour de notre traditionnel petit déjeuner mensuel du club. Au fur et à mesure, on connaît plus de monde, des affinités se créent. Je retrouve des jeunes femmes qui ont fait l'activité de lundi avec moi, ainsi que ma camarade de piscine du Kempinski du mois dernier. Le courant passe bien, nous papotons, enfin comme nous pouvons, car ce n'est pas facile, toutes les pintades sont de sortie, ça caquète dur (j'en fais partie bien sûr). Alors non, ne soyez pas offusqués, j'utilise à dessein le terme de "pintades" et de manière affectueuse, car ici, la pintade est très appréciée, c'est un objet décoratif que l'on s'offre, car il est symbole de paix. C'est donc un porte bonheur. Petit déjeuner français, avec viennoiseries (minis, c'est gentil de penser à notre tour de taille), café, thé et jus de fruit (et merci pour les vitamines, il en faut). Du monde commence à se lever, il est temps d'aller s'inscrire aux activités. Première file d'attente, et première déception, l'activité est déjà complète (journée entière sur l'Ile de Maskali avec aller-retour en bateau, barbecue sur l'île et baignade). Quel dommage, moi qui pensais vous faire rêver (et frimer aussi un peu je l'avoue), me voici punie ! En plus la sortie était un vendredi, donc avec toute la famille, mari y compris (qui se réjouissait déjà de s'en mettre plein le bidou avec le barbecue). Joanne prend mes coordonnées, elle va essayer de trouver un troisième bateau car après moi, la demande a encore été forte. Affaire à suivre ! C'est vrai que c'est LA sortie famille, du coup les places sont vite prises ! Deuxième activité, pour moi uniquement, découverte et visite du Jardin d'Ambouli. Patricia prend ma réservation, là aussi c'est carton plein, nous sommes 34 personnes ! Et la dernière, sortie avec les enfants au refuge Décan, pas de problème. Bon, 2 sur 3, c'est pas mal, j'espère que ça va se décanter pour la sortie bateau-barbecue. Croisons les doigts (ou alors si quelqu'un connaît un marabout local ?!). Toujours des coupures d'eau aléatoires, selon les quartiers, certaines en ont, d'autres pas. Il y a des travaux sur tout le réseau, c'est donc le loto. Geoffrey me raconte que dans son école, il n'y a plus d'électricité depuis 2 jours déjà, donc pas de lumière, pas de clim, pas de ventilo et pas d'eau. Les toilettes sont dans un sale état, pas moyen de tirer la chasse d'eau, vous imaginez l'odeur ! Les techniciens locaux n'arrivent pas à identifier la panne et l'un d'eux a filé direct aux urgences après s'être pris une châtaigne (communication : il faut prévenir le copain AVANT de  remettre le courant, merci pour lui !).

Quant à nous, les "Mayas" ont décidé de nous rendre visite. Non, pas la civilisation, elle a bel et bien disparue, mais les "bzzz". Ma voisine du dessous vient me voir pour me rendre attentive au fait que des abeilles tournent autour de chez nous, entre le mur extérieur et la climatisation de ma salle de jeux. Et en effet, je les vois quand je suis sur le balcon, elles sont chaque jour plus nombreuses à rentrer dans les interstices du mur. La voisine me confirme que l'année dernière, le problème s'est déjà posé, il a fallu que les pompiers interviennent, et lorsque les techniciens du chaud et froid ont enlevé le climatiseur, les pompiers ont retiré un essaim gros comme un ballon de rugby ! Gloups !  Je n'ai rien contre le miel, c'est juste que je le préfère directement en pot dans le rayon du magasin. Après les corbeaux, ce sont les abeilles qui nous font flipper ! En plus, certaines tentent une approche un peu trop près du balcon, à mon goût ! Du coup, pas le choix, il me reste à contacter les pompiers dès la fin du week-end (oui je sais, j'ai de la chance, c'est encore eux qui gèrent ce genre de problème. Ce qu'il ne faut pas faire pour avoir une raison de les appeler, je vous jure- LOL- !!).

Séance ciné ce soir, au programme Peter Pan 2. En comité réduit, seulement Gabriel et moi, Raf est resté à la maison pour surveiller Geoffrey qui est puni (c'est ça quand un garçon de bientôt 9 ans entre dans la période "pré-ado" et se prend des libertés de langage et de comportement avec ses parents). Petit arrêt pour prendre notre kébab habituel, le "chef" nous offre quelques frites pour nous faire patienter, trop gentil ! Elles ne font pas un pli, Gabriel se régale. Dessin animé sympa, juste un peu troublé par une petite fille, assise à côté de nous, un peu trop prise par le film et qui pousse des cris hystériques "NON, NON, ne fais pas de mal à Peter Pan", "tu es méchant Capitaine Crochet,...". Elle m'a fait sursauter plus d'une fois ! Une petite furie ! Retour à la maison, la nuit sera agitée avec des sirènes hurlantes, des camions roulant à toute vitesse sous nos fenêtres pendant plusieurs heures, et mon cauchemar dans lequel nous sommes sensés être évacués de Djibouti, prendre le plus important, trouver les enfants et s'échapper ! Pff !! Au final, nous apprendrons que tout ce remue-ménage est dû à un incendie au magasin Al-Gamil qui a brûlé. A priori pas de victimes, mais de très gros dégâts, magasin et entrepôt détruits. Moi qui aimait bien ce magasin (on avait toujours des prix et j'y achetais un fromage que j'adore) ! Les pompiers de la base sont allés prêter main forte à ceux de Djibouti, et sont allés vider la piscine de la base pour éteindre l'incendie ! Du coup, la piscine qui devait fermer pendant les vacances scolaires pour nettoyage, est déjà fermée pour ...manque d'eau ! Comme dirait Michelle, "c'est ballot" !

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